Crise post-électorale. Le Mozambique au bord du gouffre
Au Mozambique, le temps presse pour trouver une solution politique à la crise post-électorale. Tous les yeux sont actuellement rivés sur le Conseil constitutionnel qui s’apprête à annoncer, ce lundi, les résultats officiels des élections générales contestés d’octobre dernier.
Le Conseil est sans doute sous pression, en raison du tourbillon de protestations contre les résultats des élections générales d’octobre dernier, qui ont maintenu le Frelimo au pouvoir. Le Conseil, dont la mission est de confirmer les résultats des élections, a été accusé par le passé d’être à la solde du Frelimo.
Les Mozambicains réclament plus de transparence après que le parti Frelimo, qui gouverne le pays depuis son indépendance en 1975, a conservé le pouvoir avec une majorité de 71 % des voix.
Immédiatement après l’annonce des résultats du scrutin par la Commission électorale nationale, le Mozambique, en particulier la capitale Maputo, a été le théâtre de manifestations et d’arrêts de travail à l’appel du candidat à la Présidence Venâncio Mondlane. Le candidat de l’opposition rejette ces résultats qui ont attribué la victoire à Daniel Chapo, candidat soutenu par le Frelimo, mais qui doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel.
Les violences post-électorales, qui secouent le pays depuis près de deux mois, ont fait des dizaines de morts et paralysé tout le pays. Des troubles civils ont éclaté dans plusieurs régions du pays après les élections du 9 octobre, alors que des allégations de fraude électorale ont fait surface.
La violence des manifestations combinée à la perception du parti pris du Conseil constitutionnel place désormais les juges dans une position peu enviable. D’où la volonté du Conseil de mener une campagne de communication pour défendre son approche.
Il convient de noter à ce propos que le Conseil Constitutionnel vient de conclure, la semaine dernière, le cycle d’entretiens avec les principaux partis politiques impliqués dans les élections générales, à savoir le parti au pouvoir Frelimo et les partis de l’opposition Podemos, Renamo et MDM.
Pour faire pression sur la Cour constitutionnelle, qui doit annoncer dans les prochaines heures sa décision sur les élections, le leader de l’opposition Venancio Mondlane a appelé à une nouvelle vague de manifestations si les résultats ne se déroulent pas comme il le souhaite.
Au regard de la gravité de la situation, une médiation a alors été menée entre les principaux protagonistes, à savoir le gouvernement et le Frelimo, d’une part, et le candidat de l’opposition à la présidence et le parti Podemos, d’autre part.
Suite à cette conciliation, les deux camps semblent désormais vouloir assouplir leurs positions. Lors d’une réunion avec des médias, le Président Filipe Nyusi a indiqué qu’il serait prêt à entamer des discussions sérieuses avec Mondlane et a révélé qu’il y avait des contacts en cours entre le gouvernement et le camp de Mondlane.
Toutefois, il n’a pas dit à quoi ces discussions pourraient aboutir, mais certains analystes croient savoir que Daniel Chapo, le candidat du Frelimo à la Présidence et président officiellement élu, serait prêts à discuter de la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale, une idée à laquelle Mondlane a également manifesté son soutien.
Ces deux derniers mois, le Conseil constitutionnel a engagé une course contre la montre pour examiner des milliers de documents et vérifier les résultats contestés des élections d’octobre, tandis que sa présidente Lúcia Ribeiro donne des interviews.
En attendant, les Mozambicains retiennent leur souffle, car ils savent que le verdict du Conseil constitutionnel déterminera si le Mozambique se dirige vers la paix ou le précipice.
Constitutionnellement, c’est la fin du chemin, il ne sera pas possible de contester ou de modifier les résultats des élections par la suite.