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Changements climatiques: l’Afrique, région où l’impact s’avère le plus dévastateur

Si aujourd’hui la majorité des migrants se déplacent par des voies régulières, le phénomène migratoire est marqué par une montée en puissance de la migration forcée, essentiellement causée par les conflits intra-étatiques et le changement climatique. Eclairage de notre Panafricaine Naima Benouaret, journaliste à El Watan.

Selon les pronostics, les plus optimistes, émanant de nombre d’institutions des Nations unies en charge des questions migratoires, d ici 2050, le nombre de personnes déplacées pourrait bondir de 6 millions/an, au minimum. La cause étant les dérèglements climatiques, les phénomènes météorologiques extrêmes, la baisse des réserves d’eau, la désertification, la hausse du niveau de la mer et la dégradation des terres agricoles.

Inquiétude que laissera transparaître Marouane Touati, expert dans le domaine des migrations, tout au long de ses longs échanges avec un groupe de journalistes autour du rapport «Migrations climatiques et sécurité alimentaire». Le cadre : l’un des 7 ateliers, organisés en marge de la 2e édition des Panafricaines (Casablanca), qu’il a dirigé. «L’une des conséquences immédiates du dérèglement climatique, de ces troubles que connaît la planète, consiste en l’exacerbation des déplacements des populations.

L’impact sur la sécurité alimentaire est dévastateur», s’offusque l’ex-conseiller auprès du président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Pour lui, le phénomène est particulièrement prononcé sur le continent : «De grands espaces en Afrique souffrent aujourd’hui de la désertification, essentiellement causée par le réchauffement de la planète. A titre d’exemple, le lac Tchad, qui fut l’un des plus grands du monde, avec plus de 1350 km², a perdu des centaines, voire des milliers d’hectares de sa superficie à cause de l’assèchement progressif de ses eaux.

Devant la raréfaction, pour ne pas dire l’extinction du poisson et ne trouvant plus d’eau pour leurs béatilles et leur agriculture, les populations qui vivaient de et autour de ce lac ont été contraintes à la migration. Ainsi, des millions d’individus, en quête de moyens de subsistance, se retrouvent déracinés». Et pas seulement, ajoute le professeur Touati, chercheur à l’université libre de Bruxelles et à l’université de Liège, en Belgique : «D’autres parties du continent, comme le nord du Kenya, elles aussi, subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique.

Les communautés locales se déplacent de plus en plus pour fuir soit les inondations soit l eau qui n est plus potable. C est également le cas des nomades vivant autour du lac Tchad au Sénégal ou en Gambie où de plus en plus nombreux sont les villages à se vider de leurs habitants du fait de la rareté de l’eau.» Au même titre que le nôtre, son pays, dit-il, n’est pas en reste : «A l’instar de l’Algérie où le phénomène de la désertification ne cesse de gagner en ampleur, des villages entiers dans le sud du Maroc sont en voie de disparition à cause des sables mouvants. D où la mise en place de digues pour empêcher le phénomène d’atteindre d’autres régions. La plupart des habitants de ces villages désertés a migré vers plusieurs villes marocaines, la banlieue casablancaise surtout.»

C’est dire que l’Afrique, bien qu’elle n’ait pratiquement pas contribué au réchauffement planétaire, est la première à en subir les conséquences. Globalement, si l’on se réfère au sinistre constat fait par le professeur Touati, également membre du réseau d’excellence européen International Migration Integration & Social Cohesion (IMISCOE), la situation à l’échelle planétaire ne prêterait guère à l’optimisme. D’autant que, étaye-t-il, «chaque seconde, une personne dans le monde migre à la suite de phénomènes climatiques extrêmes.

Chaque année, au moins 26 millions d’individus sont contraints au déplacement temporaire ou durable, soit deux fois plus que le nombre de réfugiés fuyant les conflits». Pis, dans seulement trois régions du monde, le changement climatique pourrait, d ici 2050, forcer plus de 143 millions de personnes à se déplacer à l’intérieur de leur pays. Et en l’absence de mesures concrètes, susceptibles de l’aider dans la lutte anti-changement climatique, l’Afrique subsaharienne risque, toujours à l’horizon 2050, de voir grossir la population de migrants climatiques d au moins 86 millions personnes.

Le docteur Touati, chevalier de l’ordre de Leopold, la plus haute distinction accordée par le roi de Belgique, a, par ailleurs, pointé le peu d’intérêt, en matière institutionnelle, affiché par la communauté internationale à l’égard de la problématique planétaire du changement climatique et ses retombées immédiates sur la mobilité humaine : «Très peu de traités internationaux couvrent les migrations provoquées par le climat alors que la proposition du pacte mondial sur les migrations souligne que les changements climatiques figurent parmi les facteurs défavorables structurels qui obligent les gens à quitter leur patrie.»

Ce qui, toujours selon ce spécialiste des questions migratoires, «place aujourd’hui le changement climatique et la recherche de sécurité alimentaire parmi les principaux moteurs de la migration en Afrique».

L’Union africaine (UA) en est, semble-t-il, bien consciente : «Dans son cadre de la politique migratoire, l’UA s’est fixé pour objectif d’inclure les inquiétudes environnementales dans la formulation de politiques nationales et régionales de gestion des migrations afin de mieux cerner les causes des déplacements liés à l’environnement ainsi que l’impact des mouvements migratoires sur l’environnement», se réjouit l’hôte des Panafricaines. 

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