L’urgence climatique au menu du 3e forum des Panafricaines
Le 3ème forum du réseau Les Panafricaines a réuni, les 6 et 7 mars à Casablanca, les femmes journalistes d’Afrique, sur la question des changements climatiques.
Pour Khadija Boujanoui, Présidente du comité Parité et Diversité 2M/Membre du comité permanent Les Panafricaines «Ce sont des femmes journalistes qui défendent une thématique cette année, fort importante, la femme a toute sa place, c’est un vrai acteur de changement. Elles ont une double mission, à savoir la sensibilisation et l’information…Ça concerne l’avenir de notre continent et ça concerne l’avenir de nos enfants ».
Les experts sont unanimes, 7 sur les 10 premiers pays qui paieront chère la facture dressée par le réchauffement climatique, sont africains. Comment cela s’explique alors que l’Afrique n’est responsable que de 4% des émissions de gaz à effet de serre, difficile à dire.
Pour Arona Diedhou, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement – IRD et auteur principal du rapport spécial du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat sur les incidences du réchauffement climatique, « Les changements climatiques viennent compromettre tous les efforts des Etats, ils compromettent toute la croissance qui est réalisée. Il y a urgence climatique, parce que si rien n’est fait, les phénomènes climatiques tels que les inondations, et autres vont être plus intenses et plus fréquents. D’où la nécessité d’agir pour préserver la croissance.»
Des ateliers pour un plaidoyer
« Urgence des changements climatiques, les médias africains, acteurs du changement » est la thématique de cette 3ème rencontre annuelle des femmes journalistes, organisée par le groupe de média 2M. Pendant trois jours, elles ont traité différents aspects du sujet à travers 7 ateliers :
Le premier, traitant des enjeux et des défis de la transition énergétique de l’Afrique, met en exergue l’urgence de s’adapter aux énergies renouvelables telles l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique, la biomasse et la géothermie ;
Le deuxième, sur les défis d’une gestion rationnelle des ressources hydriques, invite à une meilleure utilisation de nos ressources en eau ;
Le troisième, s’ouvre sur une agriculture durable pour une économie plus verte, alors que le quatrième atelier, s’intéresse à l’impact des changements climatiques sur la santé et les stratégies à adopter ;
Le cinquième a situé l’implication de la gestion des villes africaines dans le processus de développement durable ;
Le sixième a insisté sur un des leviers décisifs de lutte contre les changements climatiques à savoir : La gestion des déchets ;
Enfin, le septième atelier a porté sur une compréhension efficace des sujets liés à l’urgence climatique par les médias pour une meilleure adaptation.
A l’issue de cette rencontre annuelle, un plaidoyer sera rédigé pour mettre sur la table des décideurs le résultat de ses riches échanges.
Les médias, premiers acteurs du changement
Sur la question du rôle important des médias dans cette transition climatique, Arona Diedhou ne manque pas de définir leur responsabilité : « Pour l’instant on voit plus les journalistes quand il y a des catastrophes et je pense qu’être acteur du changement c’est aussi prendre parti dans la phase de préparation. Les journalistes devraient aider à la mobilisation des ressources pour que les scientifiques dans les universités aient de quoi travailler, pour que les ONG, les chefs de village, les communautés territoriales puissent avoir de l’argent pour dérouler leurs activités, faire connaître ces événements à l’international, tout ce travail qui est fait pour rassurer les bailleurs de fonds »
Le continent africain a un fort et vaste potentiel, capable d’offrir une nouvelle vie écologique, durable et saine à ses populations. Loin des débats vains ou autres discussions, l’Afrique a le devoir d’agir au plus vite. Les Etats se sont engagés lors des accords de Paris à la COP21, à la mise en œuvre des politiques et actions financées par le fonds vert d’une part et par le budget des Etats d’autre part. La partie financée par le fonds vert (Fonds mis à disposition par les Etats développés), tarde à arriver mais les Etats d’Afrique ne doivent pas attendre ce financement pour agir.
C’est le message que portent ces 300 femmes des 54 pays d’Afrique, Les Panafricaines, un bon moyen de pression pour que définitivement l’abstrait donne place au concret et que le changement soit.
Joyce Fotso