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Corruption dans l’athlétisme: ouverture du procès des Diack père et fils à Paris

Le scandale avait terni l’image du sport : le procès de l’ancien patron mondial de l’athlétisme, Lamine Diack, jugé avec son fils, absent, et quatre acteurs présumés d’un pacte de corruption pour protéger des athlètes russes dopés, a démarré lundi à Paris.

Accompagné de ses avocats, le Sénégalais de 87 ans est arrivé à 07H30 GMT au tribunal judiciaire de Paris, où il encourt jusqu’à dix ans de prison devant la 32e chambre correctionnelle, pour corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée.

« J’ai une très mauvaise audition (…) un état de santé assez compliqué (…) mais je suis là », a lancé en préambule, debout à la barre, l’homme aux cheveux blancs, lunettes fixées sur le nez à l’aide d’un épais élastique.

L’affaire avait précipité la chute de ce cacique du sport mondial aux mille vies, ancien sportif, puis politique, devenu le premier dirigeant non-européen de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF, 1999-2015), et désormais accusé par le parquet national financier d’avoir mis en place « une véritable organisation criminelle ».

A ses côtés, comparaissent l’un de ses anciens conseillers, l’avocat Habib Cissé, et l’ancien responsable du service antidopage de l’IAAF, Gabriel Dollé, jugés pour corruption passive.

Si Lamine Diack a interdiction de quitter le pays, la justice française n’a jamais pu approcher l’un des suspects clé et grand absent du procès, son fils Papa Massata Diack, ancien puissant conseiller marketing de l’IAAF, qui a demandé depuis Dakar le renvoi des débats car ses deux avocats sénégalais n’ont pu se déplacer en France. La demande a été rejetée par le tribunal, « PMD » étant défendu par son avocat parisien, Me Antoine Beauquier.

Deux autres prévenus manquent à l’appel, l’ancien président de la Fédération russe d’athlétisme, Valentin Balakhnitchev, et l’ancien entraîneur national des courses de fond, Alexeï Melnikov, visés comme Papa Massata Diack par des mandats d’arrêts internationaux.

Circuit de financement 

L’affaire avait généré un séisme dans le sport international, des enquêtes ultérieures ayant dévoilé un véritable système de dopage institutionnel en Russie, qui vaut aujourd’hui à ce pays le risque d’être banni des prochains JO d’été à Tokyo, programmés en 2021.

Les faits remontent au début des années 2010, avec l’arrivée dans l’arsenal antidopage du passeport biologique, qui permet de déceler des variations sanguines suspectes. L’étau se resserre alors sur la Russie et en novembre 2011, une liste de 23 athlètes suspects de dopage à l’EPO est établie. Mais les dossiers disciplinaires ont traîné en longueur, permettant à plusieurs athlètes de participer aux JO de Londres-2012.

Lamine Diack a reconnu que les sanctions avaient été échelonnées pour éviter de plomber l’image de la Russie et favoriser les négociations sur les droits télé et les sponsors en vue des Mondiaux-2013 à Moscou. Alors qu’il avait des contacts avec le Kremlin, il a aussi concédé qu’il avait obtenu 1,5 million d’euros de la Russie pour faire campagne à la présidentielle sénégalaise de 2012 contre le sortant Abdoulaye Wade, finalement battu par Macky Sall. Les juges français ont déploré le manque de coopération du Sénégal et relèvent dans leur ordonnance que Papa Massata Diack a bénéficié d’un passeport diplomatique en 2014.

Mais pour les avocats de Lamine Diack, les athlètes russes ont finalement été sanctionnés (la plupart en 2014) et leur client voulait sauver l’IAAF de la banqueroute.

L’affaire a pu voir le jour car la marathonienne Liliya Shobukhova, finalement suspendue, a demandé un remboursement à ses maîtres chanteurs. Un virement de 300.000 euros à son profit a permis de remonter jusqu’à Papa Massata Diack. Les noms de plusieurs autres athlètes et des sommes apparaissent sur des notes saisies chez Habib Cissé, laissant supposer qu’ils ont payé pour bénéficier d’une protection, mais la trace de l’argent n’a pas été retrouvée.

Lamine Diack est aussi jugé pour avoir permis à son fils de s’approprier plusieurs millions d’euros dans les négociations avec les sponsors, soit en imposant ses sociétés comme intermédiaires, soit en s’attribuant des commissions « exorbitantes ». La fédération internationale, partie civile, réclame 24,6 millions d’euros de dommages et intérêts aux prévenus sur ce volet, sur un préjudice total qu’elle estime à 41 M EUR.

(AFP)

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