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Surfacturations à l’armée du Niger: une influente journaliste arrêtée

Samira Sabou, une influente journaliste-blogueuse nigérienne, a été arrêtée mercredi et accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des équipements militaires de l’armée nigérienne, a-t-on appris par Amnesty International et sur les réseaux sociaux.

« Samira Sabou a été interpellée et placée sous mandat de dépôt ce matin. Elle est visée par une plainte pour +diffamation+ déposée par le fils et directeur de cabinet adjoint du président Mahamadou Issoufou (Sani Mahamadou Issoufou est le directeur du cabinet adjoint du président) », ont annoncé plusieurs proches de la journaliste sur leurs pages Facebook et dans des groupes WhatsApp.

Dans un communiqué, l’ONG Amnesty International a aussi annoncé l’arrestation de « Samira Sabou, journaliste respectée qui a fait son travail légitime d’information sur les allégations de surfacturation et de matériel non livré révélées par l’audit du ministère de la Défense ».

Administratrice du site d’information mides-niger.com, Samira Sabou est présidente de l’Association des blogueurs pour une citoyenneté active (ABCA).

« L’accusation de diffamation à son encontre par le fils du président de la République n’est qu’une manœuvre de plus pour saper son travail et celui de tous les activistes anti-corruption qui dénoncent les allégations de corruption dans le pays », selon Amnesty.

« Amnesty International considère que son arrestation et sa détention sont arbitraires et rentrent dans le cadre du harcèlement judiciaire des acteurs de la société civile et des médias afin de les faire taire », assure Amnesty, qui demande sa libération.

« L’accusation fait référence à une publication sur Facebook portant sur les personnalités impliquées dans l’affaire », selon Amnesty. Ce post du 26 mai, encore visible, accuse un homme d’affaires ami du fils du président de « capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron. »

 

Des armes et un scandale

 

L’affaire des surfacturations fait grand bruit au Niger après la diffusion sur les réseaux sociaux d’extraits d’un rapport d’audit sur ces irrégularités. D’après ces extraits, ces malversations ont causé « un manque à gagner » de plus de 76 milliards FCFA (plus de 115 millions d’euros) pour l’Etat du Niger entre 2017 et 2019.

Les surfacturations représentent 48,3 milliards FCFA (66 millions d’euros) et les montants pour le matériel non livré s’élèvent à 27,8 milliards FCFA (42 millions d’euros), selon ces extraits d’un rapport provisoire.

La justice avait annoncé le 8 avril ouvrir une enquête sur l’affaire qui a éclaté en février.

Fin février, le gouvernement avait annoncé qu’un audit demandé par le président Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées à l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays.

Le scandale a d’autant plus choqué l’opinion qu’entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques jihadistes.

Le 15 mars, de violents heurts avaient opposé les forces de l’ordre et des manifestants demandant des sanctions dans ce scandale. Au moins trois figures de la société civile sont encore incarcérées.

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