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Ethiopie: 81 morts en deux jours de manifestations après le meurtre d’un chanteur

Deux jours de manifestations en Ethiopie, consécutives à la mort d’un célèbre chanteur de l’ethnie majoritaire oromo, ont causé la mort de 81 personnes, et accentué les tensions politiques et communautaires qui menacent la transition démocratique impulsée par le Premier ministre Abiy Ahmed.

Le chanteur Hachalu Hundessa, dont les textes très politiques exprimaient les frustrations des oromo, qui se sont longtemps estimés marginalisés économiquement et politiquement, a été tué par balle lundi soir à Addis Abeba.

Des manifestants ont immédiatement exprimé leur colère mardi dans la capitale et en Oromia, une région qui enserre Addis Abeba et est le fief des oromo, le premier groupe ethnique d’un pays de 110 millions d’habitants.

« Jusqu’ici, 81 personnes ont été tuées, dont trois membres de la force de police spéciale de l’Oromia », a déclaré lors d’une conférence de presse télévisée Ararsa Merdasa, le chef de la police de l’Oromia.

Mercredi, le pire des violences s’est produit à Ambo, la ville de naissance d’Hachalu, située à environ 100 km à l’ouest de la capitale.

Au coeur du mécontentement: le désir des nationalistes oromo de voir Hachalu être inhumé à Addis Abeba, qui dispose d’un statut spécial même si elle est située en territoire oromo et d’où ceux-ci estiment avoir été déplacés au fil de l’Histoire.

C’est un plan du gouvernement fédéral prévoyant l’extension de la capitale vers l’Oromia qui avait déclenché en 2015 les manifestations antigouvernementales ayant débouché trois ans plus tard sur l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed.

Le responsable de la communication d’Ambo, Milkessa Beyene, a expliqué que le corps de l’artiste était arrivé à Ambo pour y être inhumé jeudi, mais qu’un « groupe de jeunes qui voulaient que les funérailles aient lieu à Addis Abeba s’est opposé aux forces de sécurité, provoquant des violences ».

 

Arrestation du dirigeant d’opposition oromo Jawar Mohammed

L’autre origine de la colère mercredi tenait à l’arrestation la veille du populaire dirigeant d’opposition Jawar Mohammed, un critique du Premier ministre, pourtant un Oromo comme lui.

Fondateur du média d’opposition Oromia Media Network (OMN), M. Jawar a été arrêté mardi à Addis Abeba avec 34 autres personnes pour avoir tenté d’empêcher le transfert vers Ambo de la dépouille du chanteur, a indiqué dans un communiqué le chef de la police fédérale, Endeshaw Tassew.

A Holeta, 40 km à l’ouest d’Addis Abeba, les forces de sécurité ont ouvert le feu mercredi sur les manifestants qui demandaient la libération de M. Jawar, a annoncé Teshome Bongase, un représentant du Congrès fédéraliste oromo (OFC), un parti d’opposition dont celui-ci est membre.

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