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Bonnes feuilles I. Sarkozy, l’Afrique et l’onde de choc du « discours de Dakar »

Dans « le Temps des tempêtes », paru fin juillet, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy lève le voile sur le début de son quinquennat et ses premiers contacts avec les chefs d’Etats africains. Première escale, Dakar.

 

Dans « le Temps des tempêtes », qu’il vient de publier aux Editions de l’Observatoire et où il relate la première année de son quinquennat, l’ancien président Nicolas Sarkozy livre quelques anecdotes sur ses premiers déplacements en Afrique de l’Ouest et au Maghreb. Deux régions où l’ « épiderme est sensible » selon ses dires.

 

« Les histoires collectives et personnelles y sont tellement entremêlées à celle de notre pays. Les malentendus si profonds. Les souffrances et les espérances à ce point pressantes qu’il est illusoire de s’imaginer autre chose que des journées animées, peuplées de multiples polémiques, tout au long de ces voyages. Je n’échappais pas à la règle…bien au contraire », se souviens-t-il.

 

Son déplacement à Dakar fût le premier dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Sarkozy hume rapidement l’air l’attachement des Africains à son prédécesseur Jacques Chirac qui avait de bonnes relations avec « les inamovibles chefs d’États africains ». « Les commentateurs expliquèrent qu’il était en son jardin, moi non », regrette-il.

 

Immigration, le mot qui fâche

 

« Mon second handicap était autrement plus redoutable puisqu’il s’agissait de la question migratoire. Jusqu’à présent, la pratique du double langage, l’un pour Paris, l’autre pour Dakar, Libreville ou Abidjan était la règle. Il fallait être martial à domicile et tout à fait discret en Afrique. Or, j’étais bien décidé à rompre avec ce que je pensais être une détestable habitude qui ne pouvait qu’aigrir les relations, augmenter les désillusions et nous conduire à de très graves problèmes », écrit Sarkozy qui allait déclencher une vague de polémiques en raison de ses déclarations taxées à cette époque de racistes et hautaines.

« Il est vrai qu’au seul prononcé du mot « immigration », votre compte était réglé. Vous étiez du côté des « méchants », affirme-t-il. Pourtant, avec son côté compulsif et calculateur, il déclara devant l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, à qui il a dressé un portrait assez flatteur : « « La France n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait et de ce qu’elle continuera à faire. Mais c’est mon devoir de le dire, ici, à Dakar, nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Je n’ai pas deux langages. Je ne viens pas en Afrique pour tenir un discours différent de celui que je tiens à Paris ». En quoi était-ce choquant ? Rien dans le fond ne l’était effectivement, mais le dire en Afrique pouvait être pris pour une provocation tant les responsables africains étaient habitués à la lâcheté de nos discours officiels. »

 

 

Réveil du démon de la colonisation

 

Quand la question du passé colonial de la France en Afrique est évoquée, Sarkozy pose rapidement les termes du dilemme des chef de l’Hexagone. Pour lui s’occuper de l’Afrique, fait de la France un nouveau colonisateur, ne pas s’en occuper en fait une égoïste qui les abandonnaient à leur sort.

 

Lors de ce qui restera comme le « discours de Dakar » devant les étudiants de l’université Cheikh-Anta-Diop, l’homme n’y va pas par quatre chemins : « Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s’efface pas. Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes. Il y a eu la traite négrière, il y a eu l’esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l’Homme, ce fut un crime contre l’humanité tout entière. »

 

Il poursuit : « La colonisation fut une faute mais le drame de l’Afrique vient aussi de l’Afrique… l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Les mots font le tour de la planète, au point qu’un rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines du racisme, déclara à la tribune des Nations-Unies : « Dire que les Africains ne sont pas entrés dans l’histoire est un stéréotype fondateur des discours racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ! ». Sarkozy est devenu l’homme à clouer au pilori.

 

 

A suivre…

 

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