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Burkina Faso: Comment le commerce de l’or alimente le jihadisme

L’exploitation de l’or est l’un des moyens trouvés par les jihadistes pour financer leurs activités, souligne un rapport destiné aux autorités du Burkina Faso, pays sahélien pauvre miné par les attaques des groupes armés islamistes.

« Des organisations terroristes exploitent des ressources naturelles comme l’or », souligne M. Ollo Kambou, coordonnateur de l’Observatoire(burkinabè) économique et social (OES), auteur du rapport.

Ces groupes contrôlent notamment plusieurs sites d’orpaillage dans des zones d’où l’Etat s’est dégagé. Cette proximité avec l’extraction de l’or leur permet aussi d’avoir accès à des explosifs, selon d’autres sources.

Les attaques jihadistes ont fait plus de 1.100 morts selon un décompte de l’AFP, et conduit au déplacement de plus d’un million de personnes dans le pays. Des pans entiers du territoire sont désormais peu ou pas accessibles alors que l’activité économique est affectée par cette insécurité.

Au niveau de l’or, il y a depuis 2016 « une perte de 600 milliards FCFA (750 millions d’euros; malversations et fraudes) qui représente environ 32% des recettes propres de l’Etat.

L’étude a révélé que le montant qui profite au financement du terrorisme s’élève autour de 80 milliards de FCFA (120 millions d’euros) » depuis 2016 également, estime M. Kambou, précisant que ce montant concerne des dossiers de criminalité pendants devant les juridictions spécialisées.

L’or est devenu en une douzaine d’années un secteur économique stratégique pour le Burkina Faso, pays pauvre de 20 millions d’habitants, enclavé en Afrique de l’Ouest, dont le principal produit d’exportation était auparavant le coton.

De 0,40 tonne en 2007, la production d’or est passée à plus de 52 tonnes en 2018, selon la Chambre des mines burkinabè.

Le secteur a contribué en 2018 pour 11,4% au produit intérieur brut (PIB). Le secteur aurifère officiel compte 9.200 emplois directs et 26.100 emplois indirects. Mais le sous-secteur de l’orpaillage emploie 1,5 million de personnes, et génère une production annuelle supplémentaire d’environ 10 tonnes d’or, selon le ministère des Mines.

C’est de ce sous-secteur artisanal que les groupes jihadistes tirent de l’argent.

Si le commerce de l’or alimente les jihadistes, « l’étude nationale de risque a indiqué que les fonds qui alimentent les attaques terroristes au Burkina Faso, proviennent généralement de financements extérieurs. De 2015 à 2018, au moins 120 opérations terroristes, financées de l’extérieur, ont été perpétrées sur le sol national », affirme M. Kambou.

« Les sociétés de transfert d’argent et les organisations à but non lucratif sont les principaux canaux utilisés dans le cas de financement des attaques terroristes au Burkina Faso », dit-il, soulignant que les groupes bénéficient de la faible bancarisation du pays et du fait qu’une grande partie de l’économie fonctionne avec de l’argent liquide.

Par ailleurs, les groupes « collectent des impôts et taxes auprès de certaines populations pour financer leurs activités », ajoute-t-il. Il peut s’agir de droits de passage, de chasse dans des réserves, d’exploitation ou d’impôts directs qui peuvent parfois être du racket.

Les groupes ont aussi des « revenus » provenant directement « de la criminalité à travers des trafics illicites et des activités criminelles tels que le vol de bétail et les enlèvements contre rançon, les vols à main armée et le braconnage », explique M. Ollo Kambou.

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