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Inondations au Sahel: Les raisons de la colère de la nature

Depuis le début de l’hivernage en juin dernier, des précipitations brutales se sont abattus sur les pays du Sahel, causant chaos et déplacement de la population. Outre les causes climatiques, les pays de la région font les frais de la démographie galopante et le manque d’infrastructures d’évacuation des eaux dans les villes. Les explications.

 

Du Sénégal à l’Ethiopie, en passant par le Soudan, les fortes pluies ont fait plusieurs morts et causé le déplacement de milliers de personnes. Au Soudan, les précipitations ont fait une centaine de morts et causé la destruction de 100 000 habitants. D’où un état d’urgence de 3 mois décrété à compter de ce samedi 05 septembre 2020 pour faire face à des précipitations record suivies du débordement du Nil.

Au Tchad, les pluies ont aussi provoqué de nombreux dégâts matériels, ralentissant l’activité dans la capitale Ndjamena. A l’intérieur du pays, plus de 360.000 personnes ont été forcées à se déplacer à cause des inondations et de l’insécurité dans la province tchadienne du Lac (limitrophe du Cameroun et du Nigeria), soit plus de la moitié de la population de cette région, a annoncé vendredi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

 

 

A Niamey, capitale du Niger, les inondations avaient déjà fait, au 18 août, une quarantaine de morts et plus de 150 000 sinistrés, selon les services de secours nigériens. Même scénario au Sénégal et au Burkina Faso qui sont sous l’eau depuis plusieurs jours.

 

Le changement climatique aggravé par l’Homme

 

A en croire les analyses des climatologues africains, le changement climatique n’est pas une piste concluante pour expliquer ces inondations. En effet, le manque d’infrastructures d’évacuation des eaux aggrave la situation. Et pour cause, l’aménagement urbain de plusieurs villes du Sahel pose le problème du drainage de l’eau. Les canalisations, quand ils existent, sont bloquées par les déchets ménagers et en cas de fortes précipitations, l’eau déborde dans les quartiers et cause de graves dégâts matériels.

Les déchets qui s’accumulent dans les lits fluviaux provoquent également des torrents violents. Pour ne rien arranger, les investissements dans le dragage de ces lits des rivières pour fluidifier l’écoulement des eaux sont inexistants.

 

 

Les spécialistes évoquent également le facteur démographique qui a aggravé la situation dans cette région. En effet, l’exode rural a causé l’occupation dans des espaces qui constituaient autrefois des lits des cours d’eau. Par ailleurs, la nature argileuse des sols de ces régions accentue les inondations, puisque ces terres rapidement gorgées d’eau deviennent imperméables, et n’absorbent pas les fortes précipitations, particulièrement après quelques années de sècheresse, comme c’est le cas au Tchad et au Niger.

 

Résultat, les rizières et les cultures maraichères sont sous l’eau, comme c’est le cas Niger et au Nigeria où 450 000 hectares de rizières sont inondés et ce sont, au total, deux millions de tonnes de riz qui pourraient manquer.

 

Une catastrophe prévisible

 

Selon une étude basée sur des simulations et publiée en 2017 dans la revue Earth System Dynamics : « Le centre du Mali, le Niger et le Tchad pourraient recevoir autant d’eau que le nord du Cameroun ou le centre du Nigeria aujourd’hui, qui se caractérisent par un climat tropical. Ce changement est lié au réchauffement des océans voisins, qui génère une évaporation plus forte, tandis que les vents de mousson venus de l’Atlantique se renforcent et se décalent vers le nord. La pluie, en tombant, relâche à son tour de la chaleur, transformant le processus en cercle vicieux. »

 

 

La revue Nature avait également prédit ces catastrophes en parlant de « tempêtes sahéliennes parmi les plus explosives de la planète », insistant sur le risque d’inondations et d’impact sanitaire dans des villes souvent dépourvues d’infrastructures, mais aussi sur l’inefficacité pour l’agriculture de pluies qui érodent les sols.

En clair, un apport d’eau dans ces régions qui souffrent de la sécheresse est bénéfique, mais la violence des précipitations en fait un facteur de chaos dans ces pays.

 

 

 

 

 

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