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Dossier. L’Égypte, un pays au bord de l’explosion

Endettement, cherté de la vie, raidissement du pouvoir et une campagne de démolition des habitations « illégales » ont jeté des milliers d’Égyptiens dans la rue. Les protestations gagnent les villes et les compagnes, et l’appel à manifester le vendredi prochain n’augurent rien de bon pour le pouvoir Abdel Fattah al-Sissi.

 

Le 20 septembre. C’est un jour travaillé en Égypte. Pourtant, des milliers de personnes ont pris part à des manifestations dans plusieurs villes et de quartiers du Caire, répondant à l’appel lancé à coup d’hashtags sur Twitter.

 

« Al-Sissi, démission » c’est le mot d’ordre scandé par les manifestants contre le président et les militaires accusés de mettre l’économie en coupe réglée. En plein confinement, des troupes sont dépêchées depuis juin dernier dans des villages et les quartiers populaires des grandes villes pour y démolir des millions de maisons. L’Eta a évoqué l’ « occupation illégale de terrains nus et terres agricoles, et la construction illégale » pour justifier ces démolition.

 

 

 

Les autorités n’ont pas hésité pas à recourir à la dynamite pour détruire certains complexes résidentiels.

Pour éviter la démolition de son foyer, une loi de « réconciliation » impose au propriétaire de payer une importante somme d’argent qui dépasse les moyens d’une société qui baigne en plein marasme économique depuis quelques années.

Face à la menace de perdre leurs foyers, les habitants de ces quartiers se sont élevés contre les militaires et ont été rejoints par d’autres, toujours plus nombreux.

 

 

 

La deuxième vague de la révolution ?

Selon certains médias égyptiens, cet acharnement de l’Etat s’explique par plusieurs raisons. La crise économique que traverse le pays aurait poussé Al-Sissi à prendre cette décision pour renflouer les caisses de l’Etat lestées par une frénésie d’endettement auprés des bailleurs de fonds, et des puissances comme les Etats-Unis ou la Chine.

 

En effet, le pays est pris en le marteau de l’inflation qui a provoqué l’envolée du coût de la vie, et l’enclume des dépenses militaires en raison de l’engagement de l’armée égyptienne dans le conflit en Libye et le recours à l’achat massif des armes.

 

 

D’autres observateurs voient dans la démolition programmée de millions de maisons une manière de faire de la place a de grosses opérations de spéculation immobilière et attirer les capitaux étrangers. Le cas emblématique est celui du district El-Gizeh situé sur la rive ouest du Nil qui a connu la démolition de plusieurs constructions pour y ériger des tours et des maisons luxueuses grâce à des investissements en provenance des pays du golfe.

 

Le président de la Banque Centrale, Tariq Amer a déclaré, le 10 septembre dernier que l’Égypte a capté 413 milliards de dollars en provenance de l’étranger depuis l’accession d’Al -Sissi au pouvoir.

 

Or, en 2016, le pays sera forcé par le FMI d’adopte le système de change flottant de la livre en contrepartie de prêts. Le lendemain, la livre perd la moitié de sa valeur face au dollar. ( 8 EGP contre 1 dollars, devenu 16 EGP contre 1 USD)

Pour trouver une issue à la crise et l’insolvabilité du pays, le parlement vote une loi instituant une caisse de fonds souverains (The Sovreign Fund Of Egypt). Son but, assurer la propriété des biens immobilier de l’Etat à des investisseurs étrangers, en grande partie américains. En clair, l’Egypte s’est lancée dans la vente de l’argenterie de famille pour faire face à la flambée des prix de hydrocarbures, du blé, des transports…

 

« Un vendredi de la colère »

 

Pour mettre la pression sur l’Etat, des appels à manifester ce vendredi, jour de prière et de repos en Égypte. Après avoir minimisé l’impact des manifestations qui se poursuivent depuis le dimanche dernier, les autorités commencent à mesurer le danger de l’effet contagion.

Selon le portail de la chaîne qatarie Al-Jazeera, le Conseil suprême des forces armées tiendra une réunion d’urgence mercredi avec les dirigeants des partis politiques et des forces représentées au Parlement.

 

 

Pour calmer la colère de la population, certains districts ont proposé une baisse de 40% du montant de la pénalité à payer pour éviter la démolition d’un bien immobilier. Mieux, le montant sera payable sur trois ans sans prendre en compte les intérêts.

D’autres mesures ont été annoncées cette semaine également, comme l’augmentation du prix du pain et les produits de base, la baisse des taxes douanières sur certains appareils électroménagers, ou encore des offres de logements économiques.

 

Une panoplie de mesures censées absorber la colère de la rue, mais reste à savoir si la main tendue de l’Etat sera acceptée par la population.

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