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Kinshasa Chroniques: La capitale congolaise, vue par ses artistes, s’expose à Paris

Les couleurs, le bruit, l’humour, la violence: Kinshasa s’invite pour quelques mois à Paris, où un collectif de 70 artistes congolais propose une plongée dans la folle capitale de République démocratique du Congo.

« Kinshasa Chroniques », à la Cité de l’architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot, permet une déambulation à hauteur d’homme dans l’espace et l’imaginaire collectif de cette mégalopole de 13 millions d’habitants, troisième ville d’Afrique après Lagos et Le Caire.

Peintres, musiciens, photographes, sculpteurs, les jeunes artistes de l’exposition, nés pour la plupart après 1985, posent un regard engagé et passionné sur la ville, entraînant le visiteur en immersion.

 

 

« Le principe qui nous a guidés est le refus du regard en surplomb, mais un regard à portée d’habitants », insiste la commissaire et historienne d’art Dominique Malaquais.

« Kinshasa n’est pas facile, il n’y a pas de signalétique, c’est une ville où si tu n’as pas de guide, tu pars en te disant: je n’ai rien compris », explique à l’AFP le plasticien et performeur Éric Androa Mindre Kolo.

« Cette ville me fascine, m’inspire et m’émeut. C’était important de donner la parole aux artistes, et d’entendre celle de la population, divorcée d’un État qui n’a pas tenu ses promesses », ajoute-t-il.

Articulée en neuf « chroniques » (ville de musique, de mémoire, de débrouille, de capitalisme, etc…) la visite donne le sentiment de passer d’un quartier à l’autre et, sur fond de brouhaha sonore, on est transporté au marché, à l’église ou sur un dancefloor.

 

 

Dès l’entrée de l’exposition, le visiteur est accueilli par trois sculptures détonantes, dont « L’homme capote », de Tickson Mbuyi, recouverte de préservatifs invitant la jeunesse kinoise à se protéger, ou « Souvenirs », de Junior Mongongou, bardée de cadrans de montre, telle la montre qui permit d’identifier deux enquêteurs de l’ONU assassinés en 2017 dans la province du Kasaï.

Message engagé encore, avec l’installation de l’écrivain Sinzo Aanza, qui a fait de l’exploitation des richesses de RDC une thématique centrale de son oeuvre et montre, en photos et avec une figure d’ouvrier composée en pierres, l’extraction du grès, dans les carrières exploitées par la compagnie belge Carrigrès, au bord du fleuve Congo.

Mais Kinshasa Chroniques fait aussi la part belle au rêve, à la spiritualité et aux émotions.

L’oeuvre onirique de Gosette Lubondo, « Imaginary Trip », décline une série de photos dans un wagon de train désaffecté et vétuste, où évoluent quelques voyageurs isolés et fantomatiques.

Géraldine Tobé, jeune femme qui fut, enfant, accusée de sorcellerie et victime d’exorcismes dans les églises évangéliques qui pullulent à Kinshasa, peint son traumatisme avec la fumée de vieilles lampes à huile appliquée contre la toile blanche.

 

Éric Androa Mindre Kolo, lui, a posé dans une alcôve transformée en chapelle un grand cercueil littéralement étouffé sous les fleurs en plastique, pour rendre hommage à son père, décédé alors que l’artiste avait 4 ans. « A travers l’art, j’ai pu enterrer mon père », raconte-t-il en larmes.

Kinshasa, c’est aussi la ville du sport, marquée par le souvenir intense du « combat du siècle » entre Mohamed Ali et George Foreman en 1974, voulu par le président Mobutu.

Suspendues dans une petite alcôve plongée dans l’obscurité, deux petites marionnettes de Widjo Wiyombo, s’apprêtent au combat: Ali paré des couleurs du panafricanisme et Foreman aux couleurs du drapeau américain.

À l’issue de ce combat légendaire au stade du 20-mai de Kinshasa, Mohamed Ali, déchu de son titre de champion du monde et de ses droits civiques en 1967 pour avoir refusé d’aller combattre au Vietnam, récupéra son titre.

–Kinshasa Chroniques – Du 14 octobre au 11 janvier au Palais de Chaillot–

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