Guinée: les résultats partiels et contestés s’égrènent au milieu des violences
La commission électorale guinéenne a poursuivi mercredi soir la publication des résultats de l’élection présidentielle, semblant donner l’avantage au président sortant Alpha Condé, au terme d’une journée de violences qui ont fait une dizaine de morts selon les autorités.
Le leader de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, qui s’est autoproclamé vainqueur dès lundi, a dénoncé dans une vidéo mercredi soir « l’armée de fraudeurs » qui donnent la victoire à Alpha Condé, affirmant qu’il avait lui-même remporté 53% des suffrages selon les résultats collectés par son parti.
« Le combat est héroïque et il sera inévitablement victorieux », a-t-il lancé à ses partisans, qui ont occupé la rue pendant la journée. Il a dit avoir enregistré cette vidéo depuis son domicile de Conakry, où il est maintenu « prisonnier » depuis la veille par un fort déploiement policier.
Le siège de sa formation, l’UFDG, a fait l’objet d’une « perquisition qui a abouti a des saisies de matériel », a indiqué à l’AFP le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara. M. Diallo a pour sa part dénoncé le saccage de ses bureaux par les forces de l’ordre.
Après avoir annoncé mardi soir une large victoire de M. Condé dans quatre des 38 circonscriptions du pays, dont trois à Conakry et sa périphérie, la commission électorale (Céni) a annoncé les résultats de 16 nouvelles circonscriptions, sans toutefois désigner de vainqueur de l’élection.
Alpha Condé remporte la majorité absolue dans les deux-tiers d’entre elles, selon les résultats lus pendant près d’une heure par le président de la Céni, Kabinet Cissé. Apha Condé, élu en 2010 et 2015, réalise ses scores les plus élevés en Guinée Forestière (sud-est).
Flambée de violences
Dans l’attente de l’issue de ce scrutin, le pays ouest-africain a vécu mercredi une escalade des violences, qui ont fait neuf morts depuis le début de la semaine, selon un communiqué du ministère de la Sécurité civile.
Des journalistes ont été témoins de barricades enflammées sur la chaussée, de jets de pierres de jeunes partisans de l’opposition et de la riposte des forces de l’ordre à coups de frondes et de gaz lacrymogène, dans les quartiers populaires de la capitale.
Les autorités ont dressé un bilan sombre mais auquel l’on pouvait s’attendre après la joute électorale entre Alpha Condé, son vieil adversaire Cellou Dalein Diallo et dix autres candidats.
Côté civils, le ministère de la Sécurité a dénombré depuis lundi « quatre corps de victimes d’armes à feu, déposés dans les morgues de l’Hôpital Donka et de Ignace Deen » à Conakry, « un mort par arme blanche et deux autres par arme à feu calibre 12 » (un calibre de chasse, ndlr) à Kissidougou (à l’est de Conakry) et un citoyen abattu à Coyah, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale.
Un policier a également été tué, « lynché à mort à Bambéto », un faubourg de Bamako, selon le communiqué. Un autre policier a été « poignardé » au lieu-dit la Cimenterie mais « ses jours ne sont heureusement pas en danger », a précisé à la presse le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara.
« Ces agents, dépourvus d’armes létales, faisaient partie du dispositif mis en place pour enlever les barricades sur la route Le Prince (qui traverse des fiefs de l’opposition) et maintenir l’ordre », selon le ministère. « La police judiciaire s’est immédiatement saisie de tous ces décès, ordonné des autopsies et ouvert des enquêtes », a-t-il précisé.