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Dossier. Présidentielle américaine: L’Afrique vue par Donald Trump

La politique étrangère américaine en Afrique semble absente de la bataille électorale opposant Donald Trump à Joe Biden. Lors de son mandat, Trump avait plaidé  pour un endiguement de l’influence Chinoise et Russe sur le continent, une refonte de l’aide, la multiplication des accords commerciaux bilatéraux, et la limitation des aides aux missions de l’ONU. Les détails. 

 

Le président américain Donald Trump et son concurrent démocrate, Joe Biden, croiseront le fer ce mardi 3 novembre lors d’une des élections les plus disputées de l’histoire des Etats-Unis. Gestion de la pandémie du covid-19, croissance, emploi et questions raciales semblent être les enjeux prioritaires des deux candidats pour vendanger le plein des voix en interne. Viennent par la suite les questions de politique internationale. Là encore les deux candidats son taux antipodes même si la doctrine dominante est immuable : sauvegarder et renforcer les intérêts de l’hyperpuissance américaine à l’étranger.  

 

Néanmoins, l’Afrique ne bénéficie pas du même intérêt que porte Washington à d’autres région du monde. Concernant la stratégie américaine en Afrique, Jeffrey Hawkins, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), et ancien diplomate dans plusieurs pays africain a déclaré sur les ondes de TV5 :  “John Bolton, lorsqu’il était le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a certes présenté ce que devait être la politique américaine sur le continent. Il a présenté cette stratégie en décembre 2018 lors d’un discours au think tank conservateur de la Heritage Foundation. Ce n’était pas vraiment une stratégie africaine à proprement parler. C’était plus une stratégie contre les Russes et les Chinois en Afrique. 

 

Africom avec moins de moyens 

 

Pour commencer, contrairement à l’Europe, l’immigration clandestine d’origine africaine ne constitue pas un enjeu sécuritaire et politique pour les Etats-Unis.  

En revanche les dangers liés au terrorisme font l’objet de l’inquiétude de Washington qui y voit une menace pour ses intérêts. Sous George Bush et sous Barack Obama, le Commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) a été renforcé au point où le magazine Intercept a révélé en 2018 que les États-Unis disposent de 34 sites militaires en Afrique. Un chiffre revu à la hausse par d’autres sources militaires occidentale.  

 

 

 

Or, depuis l’installation de l’administration de Trump, la doctrine dominante est le retour des «boys» à la maison qui s’est concrétisé par le retour des soldats d’Afghanistan, de Syrie et l’allégement du contingent en Allemagne.  

 

A en croire The Room Where It Happened: A White House Memoir (La pièce où cela s’est passé : mémoires de la Maison-Blanche), ouvrage de mémoires publié en 2020 par John Bolton, Trump aurait demandé au  Général Joseph Dunford: «Pourquoi sommes-nous en Afrique?». 

Lors d’une autre réunion décrite dans le livre, le Président insiste: «Je veux sortir de tout» et critique les programmes militaires sur le continent. «Je veux quitter l’Afrique et autant d’endroits que possibles» 

 

Sur le terrain, le contingent déployé sur le continent africain est de 6000 soldats. Plusieurs pays participent à des exercices militaires conjoints comme c’est le cas du Maroc ou encore les pays du Sahel où les unités spéciales US entrainent les forces des pays de la région aux opérations d’exfiltration d’otage ou de harcèlement des djihadistes. Quand ils ne participent pas avec des troupes au sol, les forcent américaines fournissent les troupes françaises en renseignement très utiles lors des attaques des drones contre les djihadises qui pullulent dans les vastes étendus du Mali, du Niger ou la Tchad.  

 

Barricader la Route de la soie 

 

Dans la course aux matières premières, les Etats-Unis se livrent une bataille acharnée contre la Chine.  Dans sa déclaration devant la Heritage Foundation, John Bolton n’y est pas allé par quatre chemins : “ De grandes puissances concurrentes, notamment la Chine et la Russie, étendent rapidement leur influence financière et politique dans toute l’Afrique. Elles ciblent délibérément et agressivement leurs investissements dans la région pour en tirer un avantage concurrentiel sur les États-Unis. 

Pour 2016 et 2017, les investissements directs étrangers de la Chine en Afrique se sont élevés à 6,4 milliards de dollars. Ces dernières années, l’État chinois a participé à et financé d’importants projets dans la région.” 

Et de poursuivre :  “La Chine a recours à la corruption, des accords opaques et l’utilisation stratégique de la dette pour tenir les états d’Afrique captifs et soumis aux souhaits et exigences de Beijing. Ses structures d’investissement sont gangrenées par la corruption et ne respectent pas les mêmes normes environnementales et éthiques que les programmes de développement des États-Unis.” 

 

 

Pour illustrer son propos, Bolton avance l’exemple de la Zambie endettée envers la Chine à hauteur de 6 à 10 milliards de dollars. La Chine serait sur le point de prendre le contrôle de la compagnie nationale d’électricité et de services publics de la Zambie afin de recouvrer les sommes dues. 

De même, de 2014 à 2016, le ratio de la dette publique extérieure au PIB de Djibouti a augmenté de 50 % à 85 %, la majeure partie de cette dette étant contractée avec la Chine. 

En 2017, la Chine a établi une base militaire à Djibouti à seulement quelques kilomètres de notre base américaine, Camp Lemonnier, chargée de l’appui à des opérations critiques des États-Unis pour lutter contre les organisations terroristes violentes en Afrique de l’Est. 

Selon la vision américaine, la Russie chercherait également à accroître son influence dans la région.  La conclusion du responsable américain est éloquente : “Les pratiques prédatrices auxquelles se livrent la Chine et la Russie freinent la croissance économique en Afrique, menacent l’indépendance financière des nations africaines, nuisent aux opportunités d’investissement des États-Unis, font obstacle aux opérations militaires américaines, et constituent une menace importante pour les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis.” 

 

Repenser l’USAid et les missions de l’ONU 

 

Concernant les aides américaines au continent, elle se sont élevées en 2017 à 8,7 milliards de dollars au titre de l’aide au développement, de la sécurité et de l’aide alimentaire. Cependant, le département d’État et l’USAID partent du constat que ces aides n’ont pas bénéficié à la population ni mis fin au fléau du terrorisme, du radicalisme et de la violence. 

 

 

Partant de ce constat, l’administration entend changer son fusil d’épaule et conclure des accords commerciaux modernes et complets sur le continent sur une base bilatérale.” Nous concentrerons nos efforts économiques sur les gouvernements africains qui travaillent avec nous en tant que partenaires stratégiques et qui s’efforcent d’améliorer la gouvernance et la transparence des pratiques commerciales”, a déclaré Bolton. 

 

L’autre cible des Etats-Unis en Afrique, n’est autre que la mission de maintien de la paix des Nations unies. “ Nous ne soutiendrons que des opérations efficaces et efficientes, et nous entendons rationaliser, reconfigurer les missions qui ne sont pas en mesure de s’acquitter de leur mandat ou de favoriser une paix durable, ou y mettre fin. Notre objectif est de résoudre les conflits, pas de les geler à perpétuité”, peut-on lire dans le document présenté par Bolton qui martèle : ”Et nous n’accorderons aucune légitimité aux missions qui versent des sommes importantes à des pays qui envoient des soldats mal équipés qui n’offrent pas une protection suffisante aux populations vulnérables sur le terrain.” 

 

(Source: médias)

 

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