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Stress hydrique: Le Maroc construit la plus grande station de dessalement de l’eau de mer en Afrique

Le ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, Abdelkader Amara a indiqué, mardi à Rabat, que les démarches ont été entamées pour la réalisation d’une grande station de dessalement de l’eau de mer à Casablanca. Avec une capacité de traitement d’environ 300 millions m 3 d’eau et  une enveloppe budgétaire moyennant 10 MMDH, cette station se veut la plus grande au niveau du continent africain. Fouad Amraoui, enseignant-chercheur et président de l’Association de Recherche Action pour le Développement Durable nous en dit plus. 

 

Dans le cadre des mesures entreprises pour remédier à la pénurie d’eau, le Maroc entend construire la plus grande station de dessalement en Afrique. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Le dessalement de l’eau de mer est un processus qui permet d’obtenir de l’eau douce à partir d’une eau dont la salinité avoisine les 35 g/l. La technique membranaire de l’osmose inverse est la plus courante et la plus fiable ; elle repose sur une ultrafiltration sous pression au travers de membranes qui retiennent les sels. La consommation énergétique est assez forte et peut se chiffrer à 4 kWh/m3.

L’expérience du Maroc avec le dessalement a commencé au début des années 90 dans les provinces sahariennes, à Layoune notamment, pour se poursuivre et se développer dans un avenir proche dans les villes côtières d’El Houceima, Safi, Agadir et Casablanca. 

Casablanca est alimentée en eau potable à partir de ressources lointaines du nord et du sud. Avec ses 5 millions d’habitants et sa forte dynamique urbaine, la métropole consomme actuellement 200 Millions de m3 d’eau par an. Ce volume passera à 250 Millions de m3 en 2030 et à 300 Millions de m3 en 2040.  

Compte tenu de cette forte pression sur les eaux conventionnelles et de l’accroissement continu des besoins dans un contexte de sécheresse, il fallait trouver des alternatives sûres et d’un coût acceptable pour assurer la desserte en eau potable du pôle économique du pays. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’annonce du projet de la grande station de dessalement d’eau de mer de Casablanca. 

Est-ce une solution viable ?

Le dessalement d’eau est devenu assez répandu à travers le monde. Il permet de répondre partiellement ou totalement aux besoins exprimés selon les régions ou les pays. 

Pour les villes côtières, le recours à cette ressource en eau non conventionnelle est justifié par la position littorale qui assure la disponibilité de l’eau de mer, mais surtout par la forte baisse du coût durant les dernières décades du fait des avancées technologiques. En effet, les membranes de filtration actuelles permettent de mieux éliminer les sels tout en consommant moins d’énergie. 

Dans le monde, on produit chaque jour par dessalement près de 100 millions de m3 d’eau douce. Plusieurs pays y ont un recours accru, on peut citer les pays du Golf, la Jordanie, l’Espagne, Les Etats unis, Malte, le Mexique, Le Chili…  

Qu’en est-il du coût de revient ?

Le coût de revient dépend de la taille de l’usine de dessalement, de la source d’approvisionnement en énergie, du bon entretien des équipements et de la maitrise des procédés de fonctionnement.

Au Maroc, le prix de revient a été divisé par 5 en 30 ans. Le m3 d’eau de mer dessalé peut revenir à 10 DH à partir d’une certaine taille de l’usine en faisant une économie d’échelle. Le recours aux énergies renouvelables est aussi un atout de taille qui peut s’avérer rentable à moyen terme. 

Quel est l’impact de cette station de dessalement sur l’environnement ?

Une grande usine de dessalement peut engendrer un fort impact négatif sur l’environnement. Il est essentiel d’essayer de minimiser les effets négatifs pour en assurer la durabilité. Les principaux impacts sont : l’empreinte carbone si on utilise des combustibles fossiles ; le rejet des saumures concentrées en mer ou dans les sols ; l’emploi des produits chimiques pour nettoyer les membranes ; le risque de déséquilibre marin local de la faune et de la flore…    

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