Vaccin anti-Covid-19 : Pourquoi les Africains sont-ils aussi réticents?
Selon les résultats d’une enquête publiées par LePoint.fr, les populations africaines auraient une perception négative du vaccin anti-covid. Une paranoïa alimentée par l’infodémie, les fake news et plusieurs représentations culturelles et sociales. Les détails.
Alors que des pays comme le Maroc ou l’Afrique du Sud ont dévoilé leurs stratégies pour vacciner la population contre le covid-19, et les organismes internationaux bataillent travaillent d’arrache-pied sur l’accessibilité des vaccins pour la population du continent, les populations semblent ne pas adhérer complètement à ces démarches.
En effet, selon les résultats d’une étude publiée par le Point.fr qui a été menée dans le cadre du projet Coraf (coronavirus Afrique), en lien avec le programme de recherche opérationnelle Ariacov, dans des pays comme le Cameroun, le Sénégal, le Bénin ou encore le Burkina Faso, entre 6 et 7 personnes sur 10 affirment qu’elles n’accepteraient pas le vaccin anti-Covid-19 si on le leur proposait.
Pour appréhender la perception de la vaccination anti-Covid-19, ladite étude s’est basée sur un travail de veille des médias traditionnels, des médias en ligne et des réseaux sociaux, sur des enquêtes d’opinions (entre 48 et 64 personnes interrogées par pays), et sur des entretiens approfondis menés auprès de populations majoritairement urbaines. Et le résultat est sans appel : derrière le refus de vaccination, un assemblage complexe d’arguments et de représentations sociales.
Infodémie et conspirations
La première raison qui explique la perception négative du vaccin anti-covid réside dans la surabondance d’informations et la circulation de rumeurs et d’informations hétérogènes erronées, que les personnes ne peuvent vérifier ou trier, faute d’avoir les connaissances nécessaires. En effet, les personnes interrogées justifient le refus de vaccin en faisant référence à des vidéos, sites Web, images, ou encore des phrases circulant sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux.
Plus inquiétantes, certaines personnes interrogées considèrent que le vaccin est instrumentalisé, soit par les Occidentaux et les « grandes puissances », qui chercheraient à contrôler la démographie de la population africaine, soit par les firmes pharmaceutiques qui ne chercheraient que le profit, avec la complicité des politiciens africains. “Les formulations reflètent tantôt un discours de critique postcoloniale, tantôt des accusations de complot de la part des puissants (par exemple Bill Gates, dont la fondation soutient l’initiative Gavi pour l’accès aux vaccins dans les pays à ressources limitées)”, rapporte le Point.fr.
De la paranoïa à l’inquiétude rationnelle
L’enquête révèle une bonne nouvelle concernant la perception du vaccin par les populations sondées. En effet, leur inquiétude est “rationnelle” et “saine” puisque les Africains cherchent à comprendre les dessous de la « course aux vaccins », les pressions politiques et les effets d’annonce, et d’autre part s’interrogent sur les incertitudes scientifiques et aux discours contradictoires. Lorsqu’elles expliquent dans quelles conditions elles accepteraient le vaccin, les personnes interrogées évoquent la nécessité d’essais cliniques réalisés en Europe et passant par l’expérimentation animale, mais aussi une efficacité prouvée et l’absence d’effets secondaires.
Certains enquêtés sur dix ont déclaré vouloir se faire vacciner. Ils justifiaient souvent ce choix par le besoin de mettre un terme à une pandémie qui a ravagé les économies de leurs économies et jeté dans la pauvreté des millions d’Africains.