Comment le Covid-19 a cassé l’élan de la lutte contre le paludisme en Afrique
Dans le rapport 2020 sur le paludisme, publié ce lundi, le constat de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est sans appel : Interruption des diagnostics, des distributions de moustiquaires, accès réduit aux médicaments… Le Covid-19 a complètement perturbé la lutte contre le paludisme cette année.
L’OMS en donne pour exemple, les perturbations dans l’accès aux médicaments, même de l’ordre de 10%, auraient pour conséquence 19.000 morts supplémentaires.
Après d’important progrès qui ont vu le nombre de morts reculer de 736.000 en 2000 à 411.000 en 2018 et 409.000 en 2019, l’OMS note qu’il faut « mieux cibler les interventions, de nouveau outils et plus de fonds pour changer la trajectoire globale de la maladie et arriver à atteindre des objectifs communs et agréés internationalement ».
En 2019, quatre pays africains ont concentré près de la moitié de tous les cas dans le monde : le Nigéria (27%), la République démocratique du Congo (12%), Ouganda (5%) et le Mozambique 4%.
La directrice régionale de l’OMS en Afrique craint que cela ait des effets à long terme. « Ce rapport sur le paludisme dans le monde en 2020 (…) nous dit que nous n’atteindrons probablement pas les objectifs de 2030 de la stratégie mondiale contre le paludisme », analyse la docteur Moeti Matshidiso.
Cette stratégie 2030 prévoyait 90% d’infections et de décès en moins, par rapport aux chiffres de 2015. 35 pays africains devaient être complètement débarrassés du palu. Mais les systèmes de santé font toujours face à des insuffisances. L’argent manque : 3 milliards de dollars ont ainsi été consacrés à la lutte contre le paludisme l’an dernier. C’est pratiquement le double (5,7 milliards) qui aurait été nécessaire.