Rabat refuse de reprendre les migrants arrivés en Europe via le Maroc
Le Maroc a rejeté une demande de l’Union européenne d’accueillir des migrants pays tiers qui ont atteint l’Europe via le royaume. Le pays « n’est pas dans une logique de sous-traitance », a répondu le ministère de l’Intérieur.
Ce refus intervient après que la commissaire européenne aux migrations, Ylva Johansson, s’est rendue à Rabat en ce mois de décembre, pour discuter de la possibilité de renvoyer ces ressortissants au Maroc.
La Commissaire européenne espérait parvenir à un accord de réadmission avec le Maroc, en échange d’une nouvelle aide financière. En clair, l’Union européenne (UE) souhaitait renvoyer dans le pays tous les migrants arrivés illégalement en Europe via le Maroc, qu’ils soient Marocains ou ressortissants de pays tiers.
«Le Maroc n’est pas dans la logique de la sous-traitance et insiste pour que chaque pays accepte sa responsabilité envers ses ressortissants», a déclaré à Reuters le directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, Khalid Zerouali .
Selon Zerouali, «le renforcement des patrouilles marocaines le long de la côte nord et l’effet des fermetures des frontières ont poussé les réseaux de trafiquants à tourner leurs trajectoires vers les îles Canaries».
Les autorités marocaines rappellent par ailleurs qu’elles ont empêché l’entrée en Europe de 32 000 personnes cette année, grâce aux contrôles aux frontières. Cependant, face au renforcement de la surveillance des côtes nord-marocaines, les migrants ont changé de route et tentent désormais d’atteindre l’UE via les îles Canaries (Espagne), situées à 1 400 km au large du royaume chérifien.
Depuis janvier, environ 20 000 migrants ont débarqué dans l’archipel espagnol, soit 10 fois plus que l’an dernier. Selon Ylva Johansson, la moitié aurait transité par le Maroc. Ce sont ces milliers de migrants qui étaient particulièrement visés par l’UE.
Le Maroc réadmet chaque année 15 000 de ses propres citoyens venus de manière clandestine sur le sol européen. Il a également convenu au début des années 1990 d’accepter les migrants de différents pays entrés à Ceuta et Melilla – à condition qu’ils aient pénétré dans les enclaves espagnoles dans les dernières 24 heures.
(source: Reuters)