Zoom. Maroc. La vaccination des migrants clandestins, le grand casse-tête

L’heure de la vaccination a sonné au Maroc. Le pays a reçu 2 millions de doses du vaccin et la campagne visant 80% de la population cible en 3 mois sera lancée la semaine prochaine. Si en principe toutes les personnes vivantes sur le territoire du royaume vont en bénéficier, le flou demeure concernant les migrants clandestins qui ne sont pas épargnés par la crise sanitaire. 

 

“ À ce niveau,  il faut distinguer deux types de migrants. Ceux qui ont un titre de séjour régulier, ils bénéficieront normalement de cette campagne, et on espère que c’est le cas aussi pour ceux qui sont dans l’attente du renouvellement de leur document de séjour, puisqu’ils sont clairement identifiés par les bases de données de l’État. Ce qui nous inquiète, c’est le cas de migrants clandestins”, explique Younes Aboulfadl, coordinateur du collectif  Papiers Pour Tous. 

Selon lui, ces migrants clandestins sont composés d’une catégorie dont le demande de régularisation a été refusée et leur nombre est estimé à 15.000 personnes. L’autre catégorie qui inquiète au plus haut point, ect celle constitué par des milliers d’individus non identifiés. 

“Plusieurs personnes habitent dans les forêts du nord du pays, ou même dans les villes, mais n’ont aucune existence légale. Si on part du principe que la raison d’Etat voudrait que tout le monde doit être vacciné, il sera difficile de les convaincre de se présenter aux centres de vaccination “, analyse Younes Aboulfadl.  

 

La société civile entre dans la danse 

 

Pour établir un plan de vaccination visant cette population très précaire, plusieurs associations vont formuler des propositions pour jouer les intermédiaires entre les autorités et ces migrants clandestins.  

“La méfiance est de mise de la part de ces migrants. Nous allons formuler des propositions pour faciliter à ces migrants l’accès au vaccin sans craindre des représailles réelles ou supposées. Concrètement, on pourrait imaginer un process pour aller à la recherche de ces migrants dans leurs abris difficiles d’accès pour les vacciner”, avance notre interlocuteur. 

Mais la tâche ne sera pas facile compte tenu de l’existence parmi ces migrants clandestins de personnes qui n’ont aucune envie d’être sous les radars de l’autorité. “ C’est très minoritaire, mais il existe parmi cette population des gens qui sont recherchés pour des activités criminelles, comme la traite des êtres humains ou les passeurs qui n’ont aucun intérêt à se voir débusquer ou privés de candidats au départ en Europe à partir des côtes marocaines. L’opération de vaccination de cette population devra être menée avec beaucoup de délicatesse”, conclut-il.