Tchad: Les rebelles du FACT « disponibles à observer un cessez-le-feu »
Le chef des rebelles tchadiens, qui mènent depuis deux semaines une offensive contre le régime et sont accusés par l’armée d’avoir tué le chef de l’Etat Idriss Déby Itno, a assuré samedi qu’ils étaient « disponibles à observer un cessez-le-feu » et s’est dit en faveur d’une solution politique.
Mais Mahamat Mahadi Ali, le chef du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) a aussi affirmé que ses troupes continuaient de se faire bombarder par l’armée tchadienne. La dernière fois samedi, en début de matinée.
« Ce sont des rebelles, c’est pourquoi on les bombarde (…) On fait la guerre, c’est tout », a réagi auprès de l’AFP Azem Bermandoa Agouna, le porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT), présidé par Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président mort au combat et nouvel homme fort du Tchad.
Lundi, l’armée tchadienne avait assuré avoir « détruit » la colonne de rebelles et tué 300 combattants. Le lendemain, le porte-parole de l’armée annonçait qu’Idriss Déby, qui menait le troisième pays le moins développé du monde d’une main de fer depuis 30 ans, était mort des suites de blessures au front dans le nord contre des rebelles.
Le fils du défunt Maréchal Déby, Mahamat Idriss Déby, général quatre étoiles à 37 ans et jusqu’alors commandant de la Garde républicaine, la garde prétorienne du régime, est le nouvel homme fort du Tchad, entouré de 14 des plus fidèles généraux de son père.
Il dispose des pleins pouvoirs mais a promis de nouvelles institutions après des élections « libres et démocratiques » dans un an et demi.
Vendredi, une douzaine de chefs d’État étaient réunis sur la place de la Nation, au coeur de N’Djamena, pour rendre un dernier hommage au maréchal Déby, partenaire-clé des Occidentaux dans la région dans la lutte contre les jihadistes.
Parmi eux, le président français Emmanuel Macron qui, comme ses homologues des pays du Sahel, a apporté son soutien à la junte militaire. « La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad », a promis M. Macron dans son oraison funèbre.
Mais il a appelé le CMT à promouvoir la « stabilité, l’inclusion, le dialogue, la transition démocratique ».
« On s’en tient à ce qu’a dit Emmanuel Macron, un dialogue inclusif pour discuter de l’avenir du peuple. Nous croyons à sa capacité de faire évoluer la situation », a assuré M. Mahadi Ali à l’AFP.
« Nous sommes sur la même longueur d’onde que l’opposition et la société civile », a également affirmé le leader du groupe rebelle.
Depuis la prise de pouvoir du CMT, les partis d’opposition et la société civile crient au « coup d’état institutionnel » et réclament l’instauration d’une transition dirigée par les civils à travers un dialogue inclusif ».
« Nous refusons les faits accomplis et dénions à la junte militaire la légitimité politique de gérer le pays, pour cause de prise de pouvoir par la force, contraire au droit national et aux engagements africains et internationaux du Tchad (…) Les forces vives entendent par dialogue inclusif l’implication et la participation de tous les acteurs qu’ils aient ou non pris les armes pour conquérir le pouvoir », ont ainsi déclaré samedi plusieurs associations de la société civile et partis politiques regroupés au sein du collectif « Wakit Tama ».
« Dans transition civilo-militaire, la tête doit être civile et les militaires doivent s’occuper des questions sécuritaires », a expliqué samedi à l’AFP Succès Masra, l’un des opposants les plus farouches du régime, reprenant le terme utilisé par Emmanuel Macron.
La confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST) regroupant les principales associations syndicales des enseignants se sont également élevés samedi contre « un recul très grave de la démocratie » avec la prise de pouvoir de la junte militaire, et ont exigé « un retour à l’ordre constitutionnel » avec « la tenue d’un forum national inclusif regroupant toutes les couches sociopolitiques de la nation ».
La Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) exprimait vendredi ses « plus vives inquiétudes face à ce qui lui semble davantage s’apparenter à l’organisation d’une succession pour la poursuite de l’accaparement du pouvoir ».