Liz Mills, première femme entraîneuse à l’AfroBasket
Pour la première fois en vingt-huit ans, le Kenya va participer à l’AfroBasket, un retour dans le tournoi phare du basket africain qu’il doit à l’Australienne Liz Mills, pionnière ambitieuse pour ses joueurs et pour les femmes entraîneuses.
À des milliers de kilomètres de Sydney, sa ville natale, Liz Mills entrera définitivement dans l’histoire, aujourd’hui à Kigali, lorsque son équipe affrontera la Côte d’Ivoire : elle deviendra la première femme à avoir dirigé une équipe masculine à l’AfroBasket, le championnat d’Afrique des nations, et cimentera un peu plus son statut d’exception dans le basket mondial et plus largement dans le sport. « Je suis très privilégiée et reconnaissante d’avoir eu cette opportunité en Afrique. Je sais que je n’aurais pas pu l’avoir ailleurs », explique Liz Mills.
Son aventure africaine a débuté en Zambie en 2011, comme bénévole lors d’une mission humanitaire. Elle demande à entraîner une équipe pour la saison 2011-2012, sans jamais avoir dirigé d’hommes jusque-là. Coup d’essai, coup de maître : son équipe décroche le titre national. « J’étais un peu une rareté, assure-t-elle. Je me sentais parfois mise à l’écart, à cause de mon âge et évidemment de mon sexe. Cela ne devrait pas être le cas, mais malheureusement, c’est la même chose partout dans le monde pour les femmes qui essaient d’entraîner des hommes. »
Après avoir été entraîneuse adjointe des équipes masculines de Zambie et du Cameroun, Mills a pris en janvier dernier les commandes des Morans, le surnom des basketteurs kényans, et elle n’a pas perdu de temps. « En 2012, j’avais dit en Zambie que je voulais être la première femme à entraîner à l’AfroBasket, rappelle Mills. Qualifier les Morans, c’est un rêve qui s’est réalisé. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas pour arriver ici, mais je suis très heureuse d’y être parvenue. » En tenue de sport, mais chaussée de bottes à talons hauts, pour se rapprocher de ses joueurs les plus imposants, Mills a réalisé son rêve en février dernier lorsque son équipe a décroché son billet pour l’AfroBasket en battant (74-73) l’Angola, sacrée onze fois championne d’Afrique. Selon elle, le basket africain « évolue dans le bon sens ». « Je pense qu’il ne fait que progresser en qualité grâce au développement des académies de la NBA et des programmes comme Giants of Africa, Basketball Without Borders, des camps indépendants pour les juniors », affirme-t-elle.
Interrogée sur le secret de son succès en tant qu’entraîneuse, Mills insiste sur sa philosophie de base : établir de bonnes relations avec ses joueurs. « Les joueurs se fichent un peu de ce que vous savez. Ils veulent surtout que l’on s’occupe d’eux, non seulement en tant que joueurs, sur le terrain, mais aussi en tant que personnes », résume-t-elle. Elle veut s’appuyer sur cette philosophie pour atteindre son prochain objectif : qualifier le Kenya pour la Coupe du monde 2025. « On ne va pas se fixer de limite. On va surprendre beaucoup d’équipes », prévient l’Australienne de 34 ans, alors que le Kenya est opposé dans le groupe C de l’AfroBasket à la Côte d’Ivoire, au Nigeria – ex-champion d’Afrique qui a participé aux derniers JO de Tokyo – et au Mali. Et ce n’est pas sa seule mission : elle espère que son parcours donnera des idées à d’autres fédérations et à d’autres femmes entraîneuses. « J’ai pour objectif de tenir la porte ouverte pour d’autres femmes et de les encourager. J’espère que dans les années à venir, on parlera de la 100e ou 500e femme à faire ce que j’ai fait cette année », insiste-t-elle.