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Enquête. Afrique. Comment le programme qatari de détection des héritiers de Messi a tourné au fiasco

Pendant plusieurs années, le journaliste Sebastian Abbot a enquêté sur Football Dreams, un programme de détection de jeunes talents qui aurait observé environ 5 millions de joueurs, en Amérique du Sud, Asie du Sud-Est, mais surtout en Afrique, de 2007 à 2016. Son livre, The Away Game, décrit ce qui fut pendant quasiment une décennie la plus grande opération de scouting au monde qui a pourtant échoué en Afrique.

 

 

 

Selon l’auteur du livre The Away Game, l’initiative Football Dreams, le Qatar avait mis en place le plus grand programme de scouting du monde. Il a sondé et évalué des millions de joueurs. En Afrique, il a d’abord été implanté dans sept pays – dont le Sénégal, le Ghana et le Nigeria -, puis dans douze. Il impliquait autour de 6000 recruteurs locaux, chapeautés par des scouts professionnels mandatés par l’académie qatarie Aspire. Ces scouts tournaient de pays en pays, et supervisaient les essais à l’échelle locale.

 

Les plus talentueux devaient ensuite passer des essais centralisés dans la capitale du pays concerné. Ensuite, ceux qui étaient considérés comme les plus prometteurs étaient sélectionnés pour être formés à Doha, au sein de l’académie Aspire, jusqu’à leur majorité. D’autres ayant tapé dans l’œil des recruteurs, mais jugés potentiellement moins forts avaient l’opportunité de se former dans une académie basée au Sénégal, à Thiès.

 

Manque de réalisme

« Josep Colomer, l’une des têtes pensantes du projet, pensait qu’il allait trouver les prochaines stars du foot mondial en Afrique. Il estimait que Football Dreams permettrait à la moitié des joueurs africains formés par Aspire de devenir professionnel. Pour vous donner un ordre d’idée, c’est un pourcentage de réussite 50 fois supérieur à celui des centres de formation anglais », décrypte Sebastian Abbot. 

Or, Josep Colomer n’avait pas du tout réalisé à quel point la falsification de l’âge est un problème là-bas. « Les documents sont falsifiés, les gamins mentent, les parents aussi, les coachs locaux, pareil. Et c’est compréhensible, ils veulent donner à ces joueurs une opportunité. Ce n’est pas toujours évident de déterminer l’âge des joueurs », poursuit l’auteur de l’enquête.

Manque de challenger

Outre la problématique liée à l’âge, les joueurs recrutés par Football Dreams, du moins ceux qu’on avait fait venir à Doha pour parfaire leur formation, étaient censés résoudre le problème. A contrario, il s’est avéré que les joueurs africains formés au Qatar n’étaient, eux, pas confrontés à une concurrence satisfaisante, pour qu’ils puissent se dépasser et progresser réellement. Les joueurs qataris n’étaient simplement pas de leur niveau.

 

Par ailleurs, a FIFA a tué dans l’œuf l’objectif de Football Dreams. Avant, il me semble que vous pouviez naturaliser un joueur, tant qu’il avait passé deux ans dans son pays d’adoption. Mais en 2008, la FIFA a modifié le règlement. Il stipulait désormais que les joueurs devaient rester cinq ans dans un pays après leurs 18 ans, pour y être naturalisé. Or les joueurs formés par Football Dreams voulaient évoluer en Europe après leur majorité, pas s’éterniser au Qatar. Finalement, la sélection qatarie n’a jamais pu vraiment profiter de ce projet.

 

(source: SoFoot )

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