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Afrique du Sud. Une élection crash-test pour l’ANC

A quelques jours des élections municipales lundi, le Congrès national africain (ANC), qui domine la vie politique en Afrique du Sud depuis l’instauration de la démocratie en 1994, doit compter avec le désenchantement des citoyens.

Les démêlés judiciaires de son ancien leader, l’ex-président Jacob Zuma, continuent de faire la Une des journaux, les coupures d’électricité se multiplient, le chômage vient d’atteindre un nouveau record à 34,4% et le pays se remet péniblement d’une vague de violences sociales qui ont fait plus de 350 morts en juillet.

Et pour la première fois depuis 27 ans, les sondages indiquent qu’une majorité d’électeurs pourraient se détourner du parti de Nelson Mandela.

« On est peut-être à un tournant pour l’ANC et à un tournant pour l’Afrique du Sud », estime le président du groupe de réflexion Democracy Works, William Gumede.

« Le parti dominant n’a pas répondu aux attentes, ou plutôt n’a pas répondu aux attentes de ses électeurs et de ses partisans, mais seulement aux attentes de ses chefs », ajoute l’analyste.

L’enjeu est de taille pour l’ANC et le président Cyril Ramaphosa et ses proches sont descendus dans l’arène, jusque dans les plus petites villes du pays, pour battre le rappel des électeurs.

« Cette fois, nous voulons des municipalités qui travaillent pour nos communautés », a assuré M. Ramaphosa à la foule venue l’écouter lors d’un passage dans la région de Mangaung (centre). « Et nous ne voulons pas de voleurs », a-t-il ajouté.

Le vice-président David Mabuza a reconnu que les coupures d’électricité faisaient beaucoup de tort à la campagne: « Les gens se plaignent beaucoup », a-t-il admis.

L’opposition est divisée

Il est d’autant plus difficile de capter l’attention des citoyens qu’un tiers ne sont même pas inscrits sur les listes électorales.

« Pour être franc, je ne savais même pas qu’il y avait des élections », s’exclame Siphelele Mtshali, un entraîneur de foot de 24 ans à Johannesburg. « On vote depuis longtemps déjà, on attend du changement, et il ne se passe rien », regrette-t-il.

Aux dernières élections municipales, en 2016, l’ANC a remporté 54% des suffrages – son plus mauvais score historique – et perdu pour la première fois des municipalités de premier plan, comme Johannesburg et Pretoria.

L’opposition est divisée en plusieurs partis qui tentent des coalitions pour prendre le pouvoir dans certaines villes, au risque de passer plus de temps à régler leurs divergences qu’à gérer les municipalités.

La plus grande formation d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), est perçue comme un parti de Blancs, mais s’est parfois alliée aux radicaux des Economic Freedom Fighters (EFF).

Autre signe de désenchantement, le nombre croissant de candidats indépendants, souvent venus de partis politiques établis. Sur les 60.000 candidats, plus de 1.700 sont des indépendants qui affrontent leurs anciens camarades.

L’érosion des grands partis pourrait se poursuivre et préfigurer ainsi le scénario des élections générales de 2024.

« Peu importe que vous votiez pour l’un ou pour l’autre », s’amuse Wahieba Louw, une étudiante de 18 ans qui n’est pas inscrite sur les listes électorales.

« Que vous votiez ANC ou DA, vous resterez exactement dans la même situation », ajoute-t-elle. « Ils ne font rien pour rendre l’Afrique du Sud meilleure ».

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