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Les 26 trésors béninois retrouvent Cotonou

« Emus aux larmes », les Béninois ont accueilli mercredi le retour de 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey, pillées par les troupes coloniales françaises au XIXe siècle et restituées la veille par Paris.

Ces oeuvres, dont certaines revêtent un caractère sacré, sont arrivées à Cotonou par avion en milieu d’après-midi. Elles ont ensuite été convoyées dans trois camions, escortés par des chevaux, jusqu’au palais présidentiel où une cérémonie solennelle a été organisée.

Au son des tambours et instruments de musique traditionnels, de centaines de Béninois venus de tout le pays se sont pressés sur les trottoirs pour apercevoir ces trésors. Adultes et enfants, habillés pour la plupart en pagne coloré, ont applaudi au passage des camions. Certains se sont prosternés au sol, d’autres émus aux larmes ont croisé les mains en signe de respect.

Parmi les œuvres restituées figurent des statues totem de l’ancien royaume d’Abomey (Dans le sud de l’actuel Bénin) ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales françaises en 1892.

« Lorsque le camion m’a dépassé, j’ai eu des frissons. Je me suis agenouillé, front contre le sol, en signe d’allégeance », lance à l’AFP Marcel Hounkonnou, un artisan. « Tous ces objets que ces rois nos ancêtres ont touché, ils les représentent en quelque sorte aujourd’hui », ajoute l’homme venu de la capitale Porto-Novo, à 40 kilomètres de là.

« C’est tellement émouvant », abonde Martine Vignon Agoli-Agbo, qui habite le nord du Bénin et a parcouru plus de 500 kilomètres avec ses deux filles pour assister à ce moment historique.

« Des objets vieux de 200 ans, volés et dont on n’espérait pas le retour, arrivent en grand nombre. Je n’ai pas voulu qu’on me raconte ce moment. Et si mes filles sont là, c’est pour qu’elles puissent un jour le raconter à mes petits-enfants », ajoute Mme Vignon Agoli-Agbo.

Dans la foule, un homme a fait coudre sur son chapeau la date du « 10.11.2021 », pour souligner le caractère historique de ce retour.

Lorsque les camions sont arrivés à la présidence, deux fillettes, en pagne blanc, et colliers autour du cou, une calebasse dans les mains, ont renversé sur le sol de l’eau en guise d’offrande.

La caisse contenant le trône appartenant au roi Ghézo, qui régna sur le royaume d’Abomey entre 1818 et 1858, a été déchargée sur un tapis rouge. Autour d’elle, des danses de l’ancien royaume ont été exécutées, mais aussi celles des autres royaumes qui constituaient le Bénin, avant de devenir une nation.

« Je suis dévastée par l’émotion », a déclaré le président béninois Patrice Talon, visiblement très touché, avant de prononcer un discours de 30 minutes centré sur l’unité nationale.

« C’est le symbole du retour au Bénin de notre âme, de notre identité, ce retour du témoignage de ce que nous avons été, de ce que nous avons existé avant », a déclaré le chef de l’Etat, confiant qu’au moment de lancer en 2016 une demande de restitution il n’avait « guère la certitude que cela arriverait un jour ».

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