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Afrique du Sud. Près de 200.000 immigrés zimbabwéens sommés de plier bagage

C’est avec choc et consternation que près de 200.000 Zimbabwéens ont accueilli la décision du gouvernement sud-africain de mettre fin à leur permis de séjour en Afrique du Sud.

Sans plus de formalités et après dix ans passés à travailler en toute légalité dans ce pays d’Afrique australe, ces émigrés ont été invités à plier bagage et à rentrer chez eux, dans leur pays d’origine, pour faire face à l’inconnu.

Pour les autorités sud-africaines, cette décision est sans appel : le permis d’exemption zimbabwéen (ZEP) ne sera pas renouvelé après son expiration à la fin de 2021 et ses titulaires devront demander différents types de visas disponibles pour rester sur le sol sud-africain. À défaut, ils seront expulsés après une période de 12 mois.

Cette décision initiée par le gouvernement du Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, a été largement critiquée aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Sa circonstance aggravante réside dans le fait qu’elle n’affectera pas uniquement les Zimbabwéens concernés, mais aussi leurs familles qu’ils ont fondées après toute une décennie vécue dans la Nation arc-en-ciel.

« C’est une décision très inhumaine. Elle va entraîner une catastrophe humanitaire », a mis d’ores et déjà en garde Sharon Ekambaram, responsable du programme des droits des réfugiés et des migrants chez l’ONG Lawyers for Human Rights à Johannesburg.

Pour sa part, Dewa Mavhinga, directeur du bureau de Human Rights Watch en Afrique australe, a déclaré que cette triste nouvelle pourrait voir des milliers de Zimbabwéens en Afrique du Sud « faire face à un avenir précaire ».

L’Afrique du Sud devrait reconsidérer cette mesure de toute urgence, parce qu’elle signifie que près de 200.000 Zimbabwéens qui travaillaient légalement, payaient des impôts et contribuaient à l’économie locale verront leur vie complètement bouleversée, estime-t-il.

Pour lui, l’Afrique du Sud devrait plutôt élargir la portée des permis spéciaux pour permettre aux migrants sans papiers de se présenter pour obtenir des papiers, payer des impôts et soutenir la croissance de l’économie.

 

Préparer le retour de milliers de travailleurs

 

De l’autre côté de la frontière, le gouvernement zimbabwéen n’a cessé de faire pression pour que ses ressortissants restent en Afrique du Sud. Harare ne souhaite pas que ses citoyens reviennent de sitôt alors que le pays s’enlise depuis plusieurs années dans une grave crise économique et sociale.

Toutefois, les responsables sud-africains ne semblent pas l’entendre de cette oreille. Le ministre de l’Intérieur, Aaron Motsoaledi, a résisté à ces pressions, estimant qu’une annulation de cette décision abuserait des lois sur l’immigration en vigueur en Afrique du Sud.

Le Zimbabwe doit ainsi refaire ses calculs et se préparer à recevoir ces immigrés qui, jadis, contribuaient à son économie à travers les transferts financiers qu’ils effectuent. Le Centre d’études juridiques de l’Université Witswatersrand, à Johannesburg, a fait constater que « le Zimbabwe reste un pays dans la tourmente et continue de connaître de graves problèmes économiques et politiques».

Il a également averti qu’«étant donné que cette dispense spéciale couvre une période de plus d’une décennie, de nombreux Zimbabwéens ont construit leurs familles et leurs maisons en Afrique du Sud ».

Les estimations font ainsi état de dizaines de milliers d’enfants qui seront touchés par cette décision, en déracinant leur vie et en les exposant à des traumatismes et à des souffrances au Zimbabwe, aux antipodes du principe de l’intérêt supérieur de l’enfant inscrit dans la Constitution sud-africaine.

Les observateurs s’accordent donc à dire que cette décision était un geste mal calculé et visait uniquement à apaiser les tensions anti-émigration qui fleurissent en Afrique du Sud.

 

 

(MAP)

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