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Le retrait français du Mali, un énorme défi logistique

Le retrait militaire français du Mali annoncé jeudi pose un défi logistique titanesque aux armées dans un contexte sécuritaire dégradé, dont le délai de « quatre à six mois » fixé par le président Emmanuel Macron semble irréaliste.

« Nous allons progressivement fermer, dans un exercice qui va prendre 4 à 6 mois, les bases au Mali », soit Gao, Ménaka et Gossi, a déclaré jeudi le chef de l’Etat.

Actuellement, quelque 2.400 militaires français sont déployés au Mali, sur un total de 4.600 dans la bande saharo-sahélienne. Le désengagement de ces hommes, des matériels déployés, dont des centaines de véhicules blindés, et le démantèlement des bases représente quelque 6.000 containers.

Cet immense chantier logistique, qui mobilise depuis des semaines le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), va s’opérer dans un contexte sécuritaire et politique hautement inflammable, dans un pays dirigé par une junte hostile à la France et en proie à de tenaces violences jihadistes.

Et le facteur climatique va compliquer l’opération avec le début de la saison des pluies en avril-mai au Mali, propre à transformer le paysage semi-désertique du nord-est du pays en désert de boue collante.

 

Acheminement terrestre compliqué

Les armées ont déjà connu un tour de chauffe au Mali avec le récent départ de leurs trois emprises les plus au nord du pays: Kidal, Tessalit et Tombouctou. Cette manoeuvre s’est étalée de fin août à décembre et a mobilisé 400 logisticiens envoyés en renfort, pour acheminer par voie aérienne et terrestre les matériels vers la base militaire de Gao, qui constitue la plus grosse emprise française au Mali, transformée en « hub » logistique.

Ces trois bases, qui hébergeaient moins de 500 soldats au total, ont représenté un volume de 500 containers. Les équipements destinés à retourner en France ont été acheminés vers les ports d’Abidjan en Côte d’Ivoire, Cotonou au Bénin et Douala au Cameroun.

Reste le problème de l’acheminement par voie terrestre vers ces ports. Courant novembre, un convoi militaire français reliant Abidjan à Gao a été arrêté par les barrages d’une foule en colère, au Burkina Faso puis au Niger, alors que le sentiment antifrançais gagne du terrain dans la région.

Il faudra enfin trancher la délicate question de la rétrocession des emprises françaises aux forces maliennes. Une démarche compliquée, à l’heure d’un divorce consommé entre Paris et Bamako et du déploiement dans le pays des mercenaires du groupe russe Wagner, violemment dénoncé jeudi par Emmanuel Macron malgré les dénégations de la junte malienne.

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