Santé mondiale. Les Etats augmentent leurs contributions au budget de l’OMS
En adoptant une réforme prévoyant de faire passer la partie du budget de l’OMS fournie par les Etats membres de 16 % à 50 % d’ici à 2028, l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) a franchi un tournant majeur dans le financement de l’organisation onusienne, afin de pallier le manque de ressources qui pesait sur l’action de l’institution, en particulier dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
La pandémie qui a mis en lumière le rôle de l’OMS en tant que guide scientifique sur les questions de santé, a également mis en évidence le décalage entre les attentes très élevées du monde à l’égard de l’agence onusienne et son budget insuffisant.
Ainsi, en 2021, un groupe de travail sur le financement durable a été mis en place par le Conseil exécutif de l’Organisation pour trouver des solutions aux problèmes financiers de l’organisation. Et jusqu’à récemment, les États membres ne parvenaient pas à s’entendre pour augmenter leurs contributions.
Mardi, l’AMS, l’organe décisionnel suprême de l’OMS, a ainsi validé la totalité des recommandations dudit groupe de travail sur le financement durable composé d’États membres de l’OMS, et présidé par l’Allemand Björn Kümmel.
Le modèle de financement de l’OMS a été identifié par de nombreux experts « comme présentant un risque pour l’intégrité et l’indépendance de son travail ». « La dépendance excessive de l’OMS à l’égard des contributions volontaires, dont une grande partie est réservée à des domaines d’activité spécifiques, se traduit par un décalage permanent entre les priorités de l’Organisation et la capacité de les financer », affirment ces experts, relevant que « les recommandations sont conçues pour remédier de manière substantielle à ces lacunes ».
Il est prévu ainsi que l’augmentation progressive des contributions fixées commence avec le budget 2024-2025 de l’OMS, avec une proposition d’augmentation de 20 % par rapport aux contributions fixées dans le budget de base approuvé pour 2022-23. L’objectif est d’atteindre 50 % du budget de l’OMS d’ici 2028-2029 si possible, et d’ici 2030-31 au plus tard, contre 16 % actuellement en 2020-21. Cela signifierait que d’ici 2028-2029, l’OMS « verrait une augmentation d’environ 600 millions de dollars par an dans la partie de ses revenus provenant des sources les plus durables et les plus prévisibles », précise-t-on.
Le rapport des experts précise que chaque dollar américain investi dans l’OMS génère un retour sur investissement d’au moins 35 dollars américains, ajoutant qu' »un financement durable équipera mieux l’OMS pour qu’elle soit plus efficace pour tous ses États Membres et leurs populations, par exemple grâce à une programmation à plus long terme dans les pays et en attirant et en retenant l’expertise ».
« Cette décision aborde de front le défi de plusieurs décennies auquel l’OMS est confrontée en matière de financement prévisible, flexible et durable », s’est réjoui à cette occasion, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Pour atteindre cet objectif, les États membres « donneront à l’OMS les moyens de répondre à leurs attentes et de remplir véritablement son mandat en tant que principale autorité sanitaire mondiale », a-t-il poursuivi.
Pour Björn Kümmel, président du groupe de travail de l’OMS sur le financement durable, « cette décision ne concerne rien de moins que le rôle futur de l’OMS dans la santé mondiale ». Cette augmentation du budget de l’Organisation, permettra, à ses yeux, « une gouvernance mondiale de la santé moins fragmentée, mieux coordonnée, plus efficace et véritablement inclusive avec une OMS fondamentalement renforcée en son centre en tant qu’autorité de direction et de coordination habilitée».