Teodoro Obiang assuré d’être réélu en Guinée équatoriale
La Guinée équatoriale élit dimanche son président, ses députés et sénateurs, la victoire de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis 43 ans, ne faisant aucun doute face à une opposition muselée dans un des régimes les plus fermés et autoritaires au monde.
Briguant un sixième mandat à 80 ans, M. Obiang détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat, hors monarchie.
Il a toujours été élu avec plus de 93% des voix et son tout puissant Parti Démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE) détient 99 des 100 sièges dans l’Assemblée nationale sortante et les 55 du Sénat, qui doit également être renouvelé lors de ce scrutin regroupant aussi les municipales.
Au bureau de vote de l’école primaire Nuestra Señora de Bisila, dans le quartier populaire de Semu, des dizaines d’électeurs attendent patiemment dans plusieurs files d’attente de pouvoir déposer dans l’urne, en plein air dans une cour sous un ciel orageux.
Pour briguer un nouveau septennat, Teodoro Obiang fait face à deux candidats: Andrès Esono Ondo, pour la Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), seul parti d’opposition qui ne soit pas interdit, et Buenaventura Monsuy Asumu du Parti de la Coalition Sociale démocrate (PCSD), micro-mouvement jusqu’alors allié au PDGE aux législatives.
Le chef de l’Etat a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1979 dans ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale indépendant de l’Espagne depuis 1968.
Son régime est régulièrement accusé par les ONG internationales et des capitales occidentales de réprimer violemment toute opposition et de bafouer les droits humains, et blâmé pour une corruption endémique.
La capitale a été placé sous haute sécurité dimanche. La vente d’alcool était prohibée depuis samedi et la circulation dimanche, dans les rues désertes sauf aux abords des bureaux de vote, était interdite hormis celle des véhicules des personnes dûment accréditées.
M. Obiang est arrivé à la mi-journée dans un bureau de vote du quartier Carretero du centre-ville. Comme d’ordinaire, plusieurs rideaux de sécurité entouraient son véhicule: des militaires armés jusqu’aux dents aux gardes du corps israéliens et de son clan, en costume, pour la garde la plus rapprochée.
Dimanche, 427.661 Equatoguinéens en âge de voter sur 1,4 millions d’habitants sont convoqués aux urnes. Les résultats de ces scrutins à un tour ne sont pas attendus avant au mieux lundi pour la présidentielle, sans doute plus tard pour les autres.
« Nous votons pour que les choses se passent normalement parce que nous jouissons de la paix, parce que, ici, en Afrique centrale, le seul pays où les jeunes profitent, c’est la Guinée équatoriale », explique à l’AFP José Serafin Obiang Sima, un infirmier âgé d’une trentaine d’années.
Troisième producteur de pétrole et troisième pays le plus riche d’Afrique sub-saharienne en PIB par habitant en 2021, selon la Banque mondiale, l’essentiel de la richesse de la Guinée équatoriale reste concentrée dans les mains de quelques-uns.
L’institution Bretton Woods n’a pas de données récentes sur le pays mais elle estimait en 2006, quand la manne pétrolière jouait à plein, que près de 80% de la population vivait en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,9 dollars par jour par habitant).
Depuis plusieurs semaines, les couleurs du PDGE recouvrent les rues de Malabo, les espaces occupés par les affiches des autres partis que celui du président et ses 14 petits mouvements satellites pour les législatives et municipales sont réduits à la portion congrue.
Les médias audiovisuels de l’Etat ont passé en boucle les meetings du PDGE et les portraits de M. Obiang, ignorant quasiment les deux autres candidats.
M. Esono Ondo a dénoncé par avance des « fraudes massives ». « Le régime discrimine et le gouvernement gouverne seulement pour la famille Obiang », a-t-il asséné, dénonçant ce qu’il considère comme une « dictature ».
Peu avant que le vieux chef de l’Etat se déclare de nouveau candidat en septembre, l’hypothèse de voir son fils, le tout-puissant et redouté Vice-Président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, lui succéder comme candidat du PDGE à la présidentielle avait pris de l’ampleur en raison de son omniprésence sur la scène politique depuis deux ans.
Mais ce dernier a peut-être pâti de sa réputation de jet-setteur publiquement assumée, de sa condamnation en France pour « des biens mal acquis » et des accusations de corruption au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, avaient indiqué anonymement des cadres du PDGE lors de son dernier congrès fin 2021.
Depuis plusieurs semaines, comme avant chaque scrutin, les forces de l’ordre mènent une impitoyable campagne d’arrestations d’opposants. Au motif cette fois, selon le régime, qu’elles ont déjoué un « complot » de l’opposition prévoyant des « attentats » à Malabo et Bata, la capitale économique.