Afrique du Sud. Deux dirigeants d’une entreprise publique devant le tribunal pour escroquerie de 2 millions de dollars
Les anciens directeurs de la compagnie publique sud-africaine de transport et de la logistique «Transnet», Lerato Makenete et Hawkins Madubane, ont comparu mardi devant le tribunal spécialisé dans les délits commerciaux de Johannesburg, pour fraude et vol de près de 2 millions de dollars (34 millions de rands) de la compagnie pendant la pandémie de Covid-19.
Les deux mis en cause ont comparu aux côtés de deux prestataires de services et de leurs sociétés. Ils sont accusés de fraude, de vol et de blanchiment d’argent.
Selon le tribunal, les deux anciens dirigeants auraient collaboré avec des fournisseurs pour frauder Transnet en faisant passer le prix des pailles pour éthylotests de 29 centimes à 29,99 rands chacune.
«L’État allègue qu’ils ont conspiré pour fournir plus d’un million de pailles d’éthylotest jetables à un prix gonflé», a déclaré Phindi Mjonondwane, porte-parole de l’Autorité nationale des poursuites. Elle a indiqué que le prix initial par paille était de 29 centimes, mais que Transnet avait dû payer 29,99 rands par paille, ce qui a donné lieu à un paiement de 33,8 millions de rands.
La responsable a de même précisé que les enquêtes menées ont révélé que les accusés n’avaient pas suivi les procédures d’approvisionnement et avaient négligé de divulguer leurs liens avec les sociétés d’approvisionnement. Les entreprises accusées auraient été enregistrées dans la base de données centrale des fournisseurs de Transnet, bien qu’elles n’aient jamais exercé d’activité dans le secteur médical et/ou ne soient jamais enregistrées comme fournisseurs de produits médicaux, relève-t-elle.
L’affaire a été reportée au 4 septembre prochain pour la divulgation du contenu du dossier.
La corruption en Afrique du Sud a atteint des niveaux «alarmants», soulevant des questions sur l’efficacité des mesures mises en place par le gouvernement, selon l’organisation Corruption Watch.
« Nous avons un gouvernement qui, d’un côté, met en place des structures pour lutter contre la corruption, mais, de l’autre, ces mêmes structures manquent d’indépendance et de ressources adéquates, ce qui les rend largement inefficaces», a déclaré Melusi Ncala de Corruption Watch, la section sud-africaine de Transparency International.
Le juge en chef, Raymond Zondo, avait auparavant averti que la corruption en Afrique du Sud a atteint des niveaux inacceptables et érode la capacité de l’Etat à assurer le développement socio-économique du pays. S’exprimant lors du dialogue national anti-corruption, M. Zondo a déclaré que le gouvernement devait «fermer les robinets des marchés publics» pour lutter contre la corruption qui gangrène les institutions de l’Etat.
«Les niveaux de corruption dans le pays ont atteint des proportions alarmantes et à moins que quelque chose de très radical et efficace ne soit fait, nous n’aurons bientôt plus confiance dans nos institutions», a-t-il mis en garde.