Le Pacte mondial sur la migration, une feuille de route et une réponse commune à un défi global (Eclairage)
Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui a été formellement approuvé, le 10 décembre 2018 Marrakech, devant quelque 150 pays réunis en conférence intergouvernementale sur la migration, se veut une feuille de route et une réponse commune au défi global de la migration, en faisant de ce fléau planétaire un facteur de prospérité et de développement durable pour tous.
Partant du principe qu’aucun pays ne peut seul relever les défis de la migration, compte tenu du caractère transnational de ce fléau et de sa complexité, le Pacte mondial sur la migration, adopté le 10 décembre 2018 à Marrakech, est à même de favoriser une coopération internationale en la matière pour faciliter des « migrations sûres, ordonnées et régulières », tout en réduisant l’incidence et les effets négatifs de la migration illégale.
Outre des responsables gouvernementaux, plus de 700 partenaires, y compris des représentants de la société civile et des secteurs publics ainsi que des migrants prennent part aux discussions sur les opportunités de partenariats innovants, les possibilités de coopération et les initiatives transversales avec les gouvernements.
Approuvé le 13 juillet dernier par les Etats membres sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations-Unies, le Pacte mondial sur les migrations a été salué comme « une réalisation importante » et un document complet visant à mieux gérer les migrations internationales, à relever leurs défis et à renforcer les droits des migrants tout en contribuant au développement durable.
Ce texte, aboutissement d’un processus ouvert par la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants du 19 décembre 2016 votée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies, a pour objectif principal d’optimiser l’ensemble des avantages de la migration, tout en tenant compte des risques et des difficultés auxquels elle donne lieu pour les individus et les communautés des pays d’origine, de transit et de destination.
Bien que porteur de nombre de résolutions pour inculquer de l’ordre aux mouvements transfrontaliers afin qu’ils soient moins chaotiques et moins problématiques pour les gouvernements, le Pacte mondial demeure néanmoins un cadre de coopération juridiquement non contraignant qui réaffirme le droit souverain des États de définir leurs politiques migratoires nationales et leur droit de gérer les migrations relevant de leur compétence, dans le respect du droit international.
Lors de la séance d’ouverture de cette rencontre internationale, les représentants des Etats adhérents au Pacte mondial sur les migrations et ceux des organisations internationales ont ainsi appelé à prendre les mesures nécessaires à même de réaliser les objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.
Ils ont ainsi mis l’accent sur l’importance de favoriser l’adoption de mesures visant à honorer les engagements pris dans le cadre de ce Pacte mondial, notant que le défi réel de la question de la migration demeure la mise en oeuvre de ces engagements, relevant la nécessité de créer les conditions socio-économiques et politiques adéquates afin d’assurer aux migrants des conditions de vie décentes au sein de leur pays d’origine, outre la mise en place de programmes pour faciliter le retour et la réadmission des migrants en toute sécurité et dignité.
Par ailleurs, les intervenants ont appelé la communauté internationale à se concerter et à favoriser l’échange d’informations entre les pays d’origine, de transit et d’accueil, et ce afin de mieux gérer les flux migratoires et de promouvoir les voies de migration légales, faisant état des avantages qu’offrent les migrants pour les pays d’accueil, notamment à travers la contribution au développement économique du pays.
Les intervenants ont conclu leur dialogue en réaffirmant l’importance de transformer la vision du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en une réalité commune aux pays adhérents au document.
Le défi de la conférence de Marrakech sur la Migration est de montrer que la Communauté internationale fait le choix de la solidarité responsable, a affirmé SM le Roi Mohammed VI, soulignant qu’il appartient à cette Communauté de respecter pleinement le droit souverain de chacun de ses membres à déterminer et à mener sa propre politique migratoire.
Le défi de cette Conférence est d’ »unir, face aux populismes, de rassembler, face à l’isolationnisme et d’apporter, par le dialogue et la coopération internationale, des réponses structurantes à un enjeu majeur de notre temps, relève le Souverain dans un message adressé à la Conférence intergouvernementale sur la migration, et dont lecture a été donnée par le Chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani.
Et le roi Mohammed VI de noter qu' »aucun pays ne peut, à lui seul, faire face à ces enjeux ! Or, s’il n’y a pas d’alternative à la coopération, il n’y a pas, non plus, d’alternative à l’action ».
Le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies a été approuvé à Marrakech, malgré les critiques des nationalistes et des partisans de la fermeture des frontières.
« Nous ne devons pas succomber à la peur » sur la migration, a exhorté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avant la proclamation orale de ce texte destiné à renforcer la coopération internationale pour une « migration sûre, ordonnée et régulière ».
M. Guterres a encore une fois dénoncé les « nombreux mensonges » sur ce pacte qui a soulevé de vives critiques de la part des partisans de la fermeture des frontières, jusqu’à faire éclater la coalition gouvernementale en Belgique, avec la démission des ministres issus du parti nationaliste flamand.
Le Pacte mondial sur la migration constitue « une réponse mondiale à une réalité que ne nous pouvons affronter qu’ensemble car les migrations sont, par nature, un phénomène transfrontalier international », a affirmé, pour sa part, la présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés.
Ce Pacte représente « une référence pour nos politiques publiques » en la matière, a-t-elle indiqué à l’ouverture de la Conférence.
Reposant sur un ensemble de principes directeurs transversaux et interdépendants tels le développement durable, les droits de l’Homme, la prise en compte de la problématique femmes-hommes et l’adaptation aux besoins de l’enfant, le document invite les signataires, à travers 23 objectifs, à garantir aux migrants l’accès aux services de base, à favoriser des pratiques de recrutement justes et éthiques tout en leur assurant les conditions d’un travail décent et à doter tous les migrants d’une preuve d’identité légale et de papiers adéquats, et ce afin de garantir des procédures migratoires rigoureuses, des services efficaces et une meilleure sécurité publique.
Le texte n’appelle cependant pas à l’installation permanente des migrants dans les sociétés d’accueil. En effet, le Pacte mondial sur la migration prévoit de lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine, en créant des conditions politiques, économiques, sociales et environnementales permettant aux individus de vivre dans leur propre pays sans violence, de manière productive et dans des conditions viables.
Il propose également aux signataires, à terme et dans le respect des droits de l’Homme, de coopérer en vue de faciliter le retour et la réadmission des migrants en toute sécurité et dignité, ainsi que leur réintégration au sein de leur pays d’origine de façon durable, tout en veillant à créer les conditions propices à la sécurité personnelle, à l’émancipation économique, à l’inclusion et à la cohésion sociale dans les communautés.
Ce texte a été soumis le 19 décembre à l’Assemblée générale de l’ONU pour sa mise en œuvre avec l’adoption d’une feuille de route à cet effet.