L’Éthiopie reconnaît « ne pas en faire assez » pour ses ressortissants détenus en Arabie saoudite

L’Éthiopie a reconnu jeudi « ne pas en faire assez » pour aider ses ressortissants détenus dans des conditions sordides en Arabie saoudite, mais s’est abstenue de critiquer le traitement réservé par Riyad aux migrants.

Cette déclaration du ministère des Affaires étrangères intervient alors que le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed fait face à une pression croissante pour faciliter le retour, dans le contexte de pandémie de coronavirus, de centaines, voire de milliers de migrants croupissant dans des centres de détentions saoudiens.

« Le gouvernement éthiopien doit redoubler d’efforts pour lutter contre le trafic d’êtres humains, rendre les contrôles aux frontières plus efficaces et sensibiliser les jeunes », souligne le ministère dans un communiqué.

« Nous n’en faisons pas assez », ajoute-t-il.

Près d’un demi-million d’Éthiopiens se trouvaient en Arabie saoudite avant que les autorités saoudiennes ne lancent une campagne contre l’immigration clandestine en 2017, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Depuis, environ 10.000 Éthiopiens en moyenne ont été expulsés chaque mois, jusqu’à ce que l’Éthiopie demande cette année un moratoire avec l’arrivée de la pandémie.

Human Rights Watch estime que « des centaines, sinon des milliers » de migrants sont toujours détenus de façon « arbitraire et abusive » en Arabie saoudite.

 

Centres de détention insalubres, sols recouverts d’eaux usées

Le journal britannique The Telegraph a récemment publié des entretiens avec des migrants en Arabie saoudite ainsi que des photos et vidéos montrant des centres de détention insalubres, aux sols recouverts d’eaux usées provenant de toilettes bouchées.

Les autorités saoudiennes à Riyad n’ont pu être jointes jeudi pour commenter cette publication.

L’ambassade saoudienne à Londres a toutefois déclaré au Telegraph que l’Ethiopie avait refusé le retour de ses ressortissants car elle n’était pas en mesure « d’organiser une quarantaine à leur arrivée ».

L’Éthiopie n’a « jamais refusé de recevoir ses citoyens de quelque pays que ce soit », a réfuté jeudi le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué, précisant que le pays agissait avec les moyens disponibles.

Le ministère salue néanmoins la coopération avec l’Arabie saoudite, une importante source de financement pour le pays, la remerciant de son soutien à ses « citoyens en général et aux migrants éthiopiens illégaux en particulier ».