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Dossier. Bouyé Haïdara, le Chérif facilitateur de la politique au Mali

Pendant que le Mali est en pleine transition politique, les chefs religieux sont une carte fondamentale dans les concertations en cours. Parmi eux, Bouyé Haïdara, le puissant chef de la zaouia Tidjaniyya.

 

Mouhamedou Ould Cheikh Hamahoullah, dit Bouyé Haïdara, est l’un des religieux les plus respecté du Mali. Son fief, Nioro, est une localité située à 240 km au nord-est de la ville de Kayes, non loin de la frontière mauritanienne. « C’est un peu comme le Vatican du Mali », ironise l’anthropologue Hamidou Magassa, spécialiste des courants de l’islam en Afrique de l’Ouest.

 

Il est à la tête d’une branche du soufisme ouest-africain fondée par son père au début du XXè siècle et qui compte plusieurs millions d’adeptes. Le déplacement d’hommes politiques (président de la République, Premier ministre, personnalités) dans sa localité est considéré comme une forme de pèlerinage. On vient et chercher conseil et même l’argent nécessaire lors des campagnes électorales. En effet, la fortune de Bouyé Haïdara est réputée colossale et son pouvoir économique important.

 

Par ailleurs, dans le grand western qu’est devenu le nord du Mali, le chef de Nioro fait office de bouclier contre qui nourrit de la haine pour la religiosité ouverte des adeptes de la Tidjaniyya.

 

 

 

 

Religion et politique, le bon ménage

 

« Il y a toujours eu une influence des religieux dans la société malienne. Les religieux ont toujours été impliqués dans la sphère politique. La seule période qui a été marquée par une absence totale des religieux sur la scène politique c’est pendant la période de Modibo Keita de 1960 à 1968. Car Modibo Keita a combattu les religieux du fait de son socialisme et aussi par le fait qu’ils étaient vus comme les collaborateurs de l’administration coloniale », explique Boubacar Haidara, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde et auteur d’une thèse sur l’islam et la politique au Mali, dans le point.fr.

 

La religion reviendra au-devant de la scène après la dictature de Moussa Traoré pour répondre aux besoins de la population qui se considérait comme laissée pour compte par les pouvoirs politique.

 

 

En 2002, le cheikh Mahmoud Dicko fait son entrée en politique à l’occasion de la création du Haut Conseil Islamique (HCI) dont il prendre les reines. A l’occasion du vote du Code de la famille en 2008, le cheikh Dicko fera capoter une mouture de ce texte réputé trop égalitaires entre les hommes et les femmes. L’ancien président Amadou Toumani Touré fait marche arrière et laisse la place au conservatisme ambiant.

 

Depuis cette date, un pacte est scellé entre le religieux et le politique, et le Chérif Bouyé Haïdara, Mahmoud Dicko, et le Chérif Ousmane Madani Haïdara deviennent des figures incontournables du jeu politique dans ce pays devenu le terrain de jeu des jihadistes de tout bord.

 

Retour en force

 

En 2013 lors de l’élection présidentielle, le Chérif Bouyé Haïdara est le principal soutien de l’accession d’Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir. Il déclare au quotidien LePoint.fr : « Je ne suis pas politique. Quand on me sollicite, quand on demande mon avis, quand on me soumet un problème, je donne mon avis. IBK, je l’ai soutenu avec mon argent, avec ma langue et avec mes partisans. Mais je n’ai pas bougé d’ici ! Je n’ai pas été à un meeting, je ne suis pas parti le chercher. »

 

 

Sur le terrain, le HCI transforme les mosquées de Bamako et de l’intérieur du pays, en lieux de meeting politique pour inciter la population à voter en faveur d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Le renversement de ce dernier a été également l’œuvre de l’Imam Dicko qui a été à la tête des contestations qui ont jeté des milliers de Maliens dans la rue, avant que la junte militaire ne prenne le pouvoir « on ne saurait gouverner un pays à 90 % musulman sans tenir compte de l’islam », déclare alors Mahmoud Dicko.

 

Pour sortir de la crise politique, le 21 septembre, la junte fait appel au colonel à la retraite, Bah N’Daw, pour diriger le pays. Depuis, les chefs religieux sont revenus au-devant de la scène comme un rouage nécessaire pour pour faciliter le consensus et le compromis autour des nouveaux hommes au pouvoir.

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