Présidentielle en Ouganda: Le chanteur Bobi Wine accuse le pouvoir de vouloir l’empêcher de se présenter
Le député ougandais Bobi Wine, star de la chanson, a affirmé jeudi à l’AFP que la descente la veille des forces de sécurité contre ses bureaux visait uniquement à l’empêcher de se présenter à la présidentielle de début 2021.
Bobi Wine, nom d’artiste de Robert Kyagulanyi, retenu plusieurs heures mercredi dans ses bureaux, a indiqué à l’AFP que les forces de sécurité avaient notamment emmené des documents contenant les signatures nécessaires au dépôt de candidature à la présidentielle.
« La perquisition était chirurgicale, elle visait les sept millions de signatures soutenant ma candidature et notre matériel de campagne », a-t-il expliqué.
Le député a accusé le gouvernement du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, d’employer « des stratégies désespérées pour rester au pouvoir ».
Désormais, « nous manquons de temps jusqu’à mon dépôt de candidature d’ici environ deux semaines, vu que la plupart des signatures ont été emportées par les forces de sécurité », a-t-il souligné « mais nos partisans sont déterminés à (…) joindre de nouveau leur signature à ma déclaration de candidature ».
La commission électorale doit entamer le 2 novembre l’examen des déclarations de candidature à la présidentielle.
Bobi Wine a également accusé les policiers et militaires ayant effectué la descente d’avoir dérobé environ 23 millions de shillings ougandais (environ 5.300 euros) donnés par les citoyens à son parti, la Plateforme de l’Unité nationale (NUP), ce qu’a démenti le porte-parole de la police, Fred Enanga.
La porte-parole de l’armée ougandaise, Flavia Byekwaso, avait expliqué mercredi que l’opération avait été menée en raison de l’utilisation par les partisans de Bobi Wine d’uniformes et de bérets qui seraient l’apanage des forces de sécurité.
En septembre 2019, le gouvernement avait réglementé le port de vêtements et accessoires militaires officiels, y incluant le fameux béret rouge arboré par les partisans de Bobi Wine, soulignant que leur possession par des civils était passible d’une « peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans ».
Bobi Wine avait qualifié cette mesure de « honte » et avait promis que ses partisans et lui-même passeraient outre.
Outre les locaux du parti de l’opposant, les forces de sécurité ont également perquisitionné mercredi des commerces vendant des vêtements similaires à ceux portés par les partisans de Bobi Wine.
Elu député en 2017, Bobi Wine est devenu le porte-parole d’une jeunesse ougandaise urbaine et souvent très pauvre qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du président Museveni qui a fait modifier la Constitution pour pouvoir se représenter en 2021.
Il a été arrêté ou assigné à résidence à de nombreuses reprises depuis 2018.