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Le changement climatique, accélérateur des conflits agriculteurs-éleveurs en Afrique

Selon une étude publié par ScienceDirect, l’augmentation des conflits entre les agriculteurs et les bergers au Nigéria pourrait se propager dans d’autres pays si la concurrence pour la rareté des ressources induites par le changement climatique comme l’eau persiste. 

 

L’étude indique que des activités telles que le brûlage du couvert végétal, la déforestation et le surpâturage par le bétail ont conduit à une augmentation des émissions de carbone dans l’atmosphère, affectant les précipitations et donc l’accès à l’eau pour le bétail.

Le manque  des pâturages pousse les éleveurs de bétail à migrer vers les terres arables, ce qui les met souvent en conflit avec les agriculteurs.

« Nous avons cherché à découvrir la cause profonde du conflit persistant entre agriculteurs et éleveurs qui dure depuis des décennies », explique Obaisi Alaanuloluwa Ikhuoso, auteur principal de l’étude et chercheur à l’université d’Essex, au Royaume-Uni.

« En moyenne, un peu plus de 409 700 hectares de forêt sont perdus par an au Nigéria, le taux d’évaporation augmente rapidement tandis que les précipitations totales ont diminué de 7 à 11% par an, entre 1990 et 2005, entraînant un temps plus chaud dans les tropiques », ajoute-t-il.

« Nous ne pouvons pas nous asseoir et laisser mourir notre bétail, c’est la raison pour laquelle nous migrons vers des zones où l’herbe et l’eau sont abondantes. Nous concluons généralement des accords avec les agriculteurs, juste pour faire la paix avec eux », explique Yusuf Mohammed, un berger de 27 ans de l’État d’Adamawa dans le nord du Nigeria

 

La rareté, source du conflit

Dans l’ouest du Nigeria, Oluwafemi Abioye, agriculteur à Akufo, dans l’État d’Oyo, dénonce certains éleveurs ne respectent pas de tels accords.

« Donnez aux bergers un hectare [de terres agricoles] pour le pâturage, et ils en prendront dix », martèle-t-il. Ajoute qu’il a conclu un tel accord avec des bergers, mais le résultat n’était pas satisfaisant.

« J’ai permis aux bergers de rester sur plus de 500 hectares de terres agricoles non cultivées avec des herbes, mais ils migrent constamment vers ma partie cultivée de moins de 200 hectares, détruisant ainsi mes cultures », explique Oluwafemi Abioye.

Selon ladite étude, certains agriculteurs prendraient des mesures drastiques pour empêcher que cela ne se produise, conduisant à des conflits qui pourraient même faire des morts .

Et de poursuivre: » lorsque les quantités de bétail dépassent la capacité des terres et de l’eau disponibles, la migration vers d’autres endroits est inévitable et cela entraînera des conflits entre les immigrants et les résidents. »

« Un conflit constant sur les terres et les ressources en eau entre les éleveurs et les agriculteurs aura des effets négatifs sur la production alimentaire et le rendement animal s’il n’y a pas d’intervention du gouvernement », indique la même source.

Obaisi Alaanuloluwa Ikhuoso appelle le gouvernement nigérian à prendre des mesures drastiques pour lutter contre le changement climatique.

« Je conseillerais au gouvernement de mettre sur pied un cadre et de prendre des dispositions pour une agriculture durable où les agriculteurs et les bergers peuvent coexister pacifiquement », dit-il.

Kabir Ibrahim, le président de All Farmers Association of Nigeria, ajoute que l’effort du gouvernement, à travers l’évolution du Plan national de transformation de l’élevage qui prévoit la création de ranchs, contribuera grandement à atténuer le conflit découlant de la concurrence pour le partage des rares ressources entre agriculteurs et éleveurs.

 

(Source : SciDev.Net )

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