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Interview. OIM-Espagne:  » Aux Îles Canaries, nous avons déploré certains discours toxiques à l’égard des migrants »

Les îles Canaries connaissent depuis quelques mois une immigration onze fois supérieure aux niveaux atteints en 2019. Selon le gouvernement régional des Canaries, au moins cinq cents personnes ont péri durant ces tentatives de traversée extrêmement dangereuses. Les migrants africains ont pris d’assaut la route des Canaries à la suite du renforcement des contrôles frontaliers permis par les accords conclus entre l’Union européenne (UE) avec la Libye, ainsi que la Turquie. La coopération entre l’Espagne et le Maroc a poussé les réseaux de passeurs à proposer des traversées depuis le littoral du sud du pays vers l’archipel des îles Canaries, sans oublier un vague de migrants qui prennent la mer depuis les côtes sénégalaises.  

« Nous n’allons pas transformer les Canaries en une nouvelle Lesbos », avait déclaré le ministre de l’intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, en référence à l’emblématique île grecque où les migrants vivent un véritable calvaire. Pour mieux connaitre la situation sur place et les réponses apportés par les autorités espagnoles, voici les précisions de l’antenne espagnole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). 

 

1- Qui sont les nouveaux migrants qui ont débarqué aux Îles Canaries ces dernier mois? 

Selon les dernières informations communiquées par le ministère de l’Intérieur espagnol le 18 octobre 2020, la majeure partie des migrants qui sont arrivés aux Îles Canaries est constituée de migrants subsahariens non identifiés (39%). Comme ils voyagement généralement sans papiers, cela complique leur identification de la part des autorités à leur arrivée. Autre aspect important à soulever, c’est qu’entre les mois d’octobre et novembre 2020, il y a eu une résurgence importante des arrivées des migrants marocains. Cependant, nous ne disposons pas à cette heure d’informations actualisées de la part du ministère de l’Intérieur, mais la presse espagnole l’a largement couvert. 

 

 

 

 

Quelles sont les procédures mises en place pour étudier leurs demandes de régularisation ou d’asile ?  

Selon les lois européennes, la demande de “protection internationale” est généralement déposée auprès des autorités à la frontière du pays de destination et si le sollicitant se trouve déjà sur le territoire espagnol, elle peut se faire à tout moment dans un délai d’un mois auprès du bureau de l’asile et refuge (Oficina de Asilo y Refugio), au bureau de l’immigration (Extranjeria) ou au poste de police agréé (Comisaria).   

  

Dans ces différents bureaux, les demandeurs d’asile sont interrogés pour voir s’ils remplissent les conditions subjectives et objectives pour de l’un des types de protections internationales. C’est une procédure qui ne devrait pas prendre plus de 6 mois, mais elle prend généralement beaucoup plus de temps compte tenu du nombre de demandes actuellement en cours d’étude. Le mois dernier, le ministère de l’Intérieur a débloqué un nombre record de demandes d’asile et a promulgué une nouvelle instruction concernant les droits des demandeurs d’asile à partir du 6ème mois.  

  

Quant à la régularisation, elle dépendra du type de visa que le migrant souhaite demander. Beaucoup de personnes qui sont en situation d’irrégularité administrative en Espagne, attendent un délai de 3 ans pour solliciter l’Arraigo social. D’autres demandent l’extension du visa de travail, le regroupement familial… 

 

Comment la population locale perçoit cette nouvelle déferlante de migrants ?  

 

Nous avons relevé une dualité dans les réactions. D’une part, il y a eu des élans de solidarité avec les migrants, non seulement depuis certains segments de la société, mais également de part de certains établissements touristiques qui devant la pression exercée sur le système de réception aux îles Canaries ont accepté de mettre à disposition leurs infrastructures pour recevoir dans des conditions décentes les néo-arrivants. Malheureusement, nous avons également déploré certains discours toxiques à l’égard des migrants, un phénomène qui est naturellement accentué par le gel de l’économie induit par les restrictions imposées suite à la pandémie du covid-19. 

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