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Tunisie: vers une réforme prochaine de la Constitution?

Le président tunisien Kais Saied a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche la nomination « dans les plus brefs délais » d’un nouveau gouvernement et évoqué une réforme à venir de la Constitution, lors d’un bain de foule à Tunis.

Un nouveau gouvernement sera « formé dans les plus brefs délais » après « sélection des personnalités les plus intègres », a indiqué M. Saied, aux télévisions Wataniya et Sky News Arabia, après avoir déambulé, sous bonne garde, sur l’avenue Bourguiba qui traverse le coeur de la capitale.

Le 25 juillet, M. Saied a limogé le Premier ministre, suspendu les activités du Parlement et s’est arrogé aussi le pouvoir judiciaire, pour un mois renouvelable avant de prolonger ces mesures le 24 août, « jusqu’à nouvel ordre ».

Samedi soir, il n’a pas donné de date précise pour la formation du gouvernement, ajoutant: « nous continuons la recherche des personnalités qui vont assumer cette responsabilité ».

Le président Saied a en outre évoqué la Constitution de 2014, affirmant qu’il la « respecte mais que l’on peut introduire des amendements au texte ». Selon lui, « le peuple tunisien a rejeté la Constitution » et « les Constitutions ne sont pas éternelles ».

Il faut donc, à ses yeux, « amender en respectant la Constitution », tout en gardant à l’esprit que « la souveraineté appartient au peuple ».

Ces derniers jours, de nombreux médias ont spéculé sur l’annonce prochaine d’un gouvernement provisoire suivie d’une révision de la Constitution devant ensuite être soumise au suffrage universel via un référendum, avant de nouvelles élections législatives.

Sur les images diffusées sur la page Facebook de la présidence, on voit le chef de l’Etat marcher sur l’avenue Bourguiba, acclamé par la foule qui entonne l’hymne national, avant de s’arrêter devant les micros des chaînes de télévision.

Théoricien du droit et enseignant, Kais Saied se présente depuis son élection surprise à une ample majorité fin 2019 comme l’interprète ultime de la Constitution.

Il s’est appuyé sur son article 80 qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de « péril imminent » à la sécurité nationale, pour justifier les décisions prises il y a plus d’un mois et demi.

Nombre de Tunisiens les ont accueillies avec enthousiasme car, exaspérés par leur classe politique, ils attendent des actes forts contre la corruption et l’impunité dans un pays en graves difficultés sociales et économiques.

Mais opposants, partis politiques, magistrats et avocats ont dit craindre une « dérive autoritaire ».

Plusieurs formations politiques de poids ont par avance exprimé samedi leur opposition aux projets du président.

La puissante centrale syndicale UGTT a appelé à des élections législatives anticipées pour qu’un nouveau Parlement soit saisi d’une réforme de la Constitution.

Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, qui concentrait le plus de sièges dans le Parlement gelé par M. Saied, a exprimé « son rejet catégorique » de « toute suspension de l’application de la Constitution » ou « changement du système politique, possiblement via un référendum ».

Illustration du malaise social persistant, un homme de 35 ans s’est tué samedi en plein centre de Tunis, en s’immolant par le feu, une semaine après un suicide identique d’un jeune de 26 ans, qui avait été blessé lors de la Révolution tunisienne de 2011.

Selon des médias tunisiens, l’homme était originaire de Djerba et était venu à Tunis pour trouver une solution à de graves problèmes économiques.

Ces gestes rappellent celui du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, à l’origine de manifestations massives et de la chute en 2011 du régime du président Zine el Abidine Ben Ali.

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