Tunisie. Kais Saied : « Je ne dialoguerai pas avec les voleurs »
Le président tunisien Kais Saied a affirmé mardi que son pays était « gouverné par une mafia » en s’en prenant à des responsables politiques qu’il accuse de corruption et affirme vouloir combattre en s’arrogeant les pleins pouvoirs en juillet.
« C’est un Etat à deux régimes. un régime apparent, celui des institutions, et un régime réel, celui de la mafia qui gouverne la Tunisie », a déclaré M. Saied en recevant des juristes, selon une vidéo publiée sur la page Facebook de la présidence.
« Je ne dialoguerai pas avec les voleurs », a-t-il ajouté.
Le 25 juillet, M. Saied a limogé le Premier ministre, suspendu les activités du Parlement et s’est arrogé aussi le pouvoir judiciaire, pour un mois renouvelable avant de prolonger ces mesures le 24 août, « jusqu’à nouvel ordre ».
Il a annoncé ce weekend la nomination « dans les plus brefs délais » d’un nouveau gouvernement et évoqué une réforme à venir de la Constitution.
« Le gouvernement viendra mais il faut savoir quelle politique il mettra en œuvre. Le but est de répondre aux revendications du peuple tunisien », a-t-il affirmé mardi.
« Hors de question de traiter avec les voleurs ou avec les traîtres », a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs jours les médias spéculent sur l’annonce prochaine d’un gouvernement provisoire suivie d’une révision de la Constitution devant ensuite être soumise au suffrage universel via un référendum, avant de nouvelles élections législatives.
Nombre de Tunisiens ont accueillies avec enthousiasme les décisions prises il y a plus d’un mois et demi par le président, car, exaspérés par leur classe politique, ils attendent des actes forts contre la corruption et l’impunité dans un pays en graves difficultés sociales et économiques.
Mais opposants, partis politiques, magistrats et avocats ont dit craindre une « dérive autoritaire ».
Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principal rival de M. Saied et qui disposait du plus grand nombre de sièges dans le Parlement gelé, a exprimé « son rejet catégorique » de « toute suspension de l’application de la Constitution » ou « changement du système politique, possiblement via un référendum ».