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Experte à la Une. Cap-Vert : Sara De Jesus Santos Baptista, d’infirmière à chercheuse en sciences de la vie

Doctorante en Sciences de la vie à l’Institut de Médecine moléculaire – João Lobo Antunes à Lisbonne au Portugal, Sara de Jesus Santos Baptista étudie les réactions des cellules du foie humain aux protéines du paludisme dans le stade initial de la maladie. De 2017 à 2019, elle a été ambassadrice du Next Einstein Forum pour le Cap Vert.

Sara Baptista aime les défis. Elle ne s’en cache pas. Quand on lui demande qui elle est, sa réponse ne se fait pas attendre. « Je suis une personne qui aime de nouveaux défis », répond-elle à Africa Women Experts. Un matin de 2015, elle quitte tout : 14 années de carrière comme infirmière, un emploi sûr et à vie…pour « devenir étudiante », raconte-t-elle sur un ton ironique. « Je me suis dit : Sara, tu as presque 40 ans. C’est le moment parfait pour toi de faire quelque chose de grand », ajoute-t-elle avec humour.

Il lui aura certes fallu plus d’une décennie pour faire ce saut, nous explique-t-elle, mais cette quête de challenge durait depuis ses premières années d’infirmière. C’est d’ailleurs ce qui aura poussé la Cap-verdienne à suivre en parallèle à son travail, deux masters, notamment en « santé publique » en 2008 et en « infection VIH/Sida » en 2011.

Diplômée d’une licence d’infirmière à la fin des années 90, elle entame sa carrière dans un hôpital pédiatrique de Lisbonne en 2001. Un travail passionnant, puisqu’elle côtoie chaque jour des enfants. Mais elle n’y voit aucune perspective d’avenir. En quête d’opportunités depuis des années, elle tombe en 2015 sur un programme de bourse du gouvernement portugais pour des études de sciences destiné aux Portugais d’origine africaine, peu importe le domaine d’études. Pour elle, c’est le sésame qu’elle cherchait depuis. Ayant postulé, elle est finalement admise pour un Doctorat en sciences de la vie. Un domaine qui ne lui est certes familier, mais qui ne lui fait pas du tout peur. « Lorsque j’ai décidé de quitter mon emploi, je me suis dit qu’il me fallait quelque chose de vraiment stimulant. Et, faire un doctorat en sciences de la vie était un véritable défi. Je pense que je suis la preuve vivante que c’est possible, car ce n’était pas du tout ce que j’avais étudié auparavant », confie-t-elle.

Comprendre les réactions du foie humain aux protéines du paludisme

 Durant les premiers mois, elle découvre avec d’autres chercheurs de l’Angola, Sao-Tomé, Mozambique le domaine de la biologie générale, la biologie marine, la biologie des maladies, la terminologie du domaine, le matériel … « Je fais de la biologie fondamentale, des choses que je n’aurais jamais pensé faire, des choses que je ne voyais que dans des films », dit-elle amusée.

Elle décide par la suite de focaliser ses recherches sur le paludisme, car c’est encore aujourd’hui l’une des maladies les plus répandues en Afrique. « J’ai choisi le paludisme parce que j’ai toujours voulu étudier les interactions entre les hôtes et les pathogènes. J’aime vraiment tout ce qui est lié à l’humain et au pathogène», ajoute-t-elle.

Au sein du Laboratoire du Dr Maria Mota, connu pour ses recherches sur le paludisme, elle travaille sur la phase initiale de l’infection au paludisme. Elle étudie, notamment l’interaction entre le foie humain et les protéines du plasmodium. « Quand vous avez le paludisme, vous avez d’abord un stade qui se passe dans le foie. C’est un stade de silence. Vous ne savez pas que vous êtes infecté. Vous n’avez pas de symptômes. Le paludisme ne survient que lorsque le parasite pénètre dans le sang et infecte les globules rouges. C’est à ce moment-là que vous avez les symptômes. J’étudie la partie initiale », explique –t-elle. Une étape importante qui permet de comprendre le trajet du parasite dans le corps humain et d’en savoir plus sur la maladie pour aider les patients.

Engagée pour les dons de moelle osseuse

En plus de son engagement dans la recherche scientifique, Sara Baptista est portée sur l’humain. Alors qu’elle est infirmière, elle se fait connaître pour son engagement pour les campagnes de dons de moelle osseuse auprès de la communauté africaine installée au Portugal. En 2011, son unité médicale reçoit une fillette cap-verdienne atteinte d’une maladie hématologique et ayant désespérément besoin d’une greffe de moelle osseuse. N’ayant aucun membre de sa famille compatible, elle passe plus de 6 mois dans sa chambre d’hôpital à Lisbonne, son état s’empirant au fil du temps.

Face à la difficulté de trouver un donneur compatible même au sein du Réseau international de moelle osseuse dont fait partie le Portugal, Sara Baptista initie alors une campagne de dons de moelle osseuse auprès de la communauté africaine installée au Portugal sur les réseaux sociaux, à la télé. Neuf mois après, un donneur compatible est enfin trouvé. En 2013, la fillette malade est enfin transplantée. « C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’ai fait ma part d’infirmière. Je me suis dit qu’il n’y avait plus rien à faire de plus pour moi. J’ai fait quelque chose qui, pour moi, avait vraiment fait la différence », confie-t-elle à Africa Women Experts.

Par la suite, elle lance d’autres campagnes de dons de moelle osseuse pour d’autres enfants accueillis au sein de son unité médicale, jusqu’à son départ de l’hôpital en 2015.

Aujourd’hui, Sara Baptista se consacre plutôt à la recherche. Mais sa dimension humaine l’habite toujours. Après sa thèse, la Cap-verdienne ambitionne, non pas de faire de la recherche directe en laboratoire, mais plutôt d’améliorer la vie des gens par la science.

Par : Danielle Engolo

 

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