La junte malienne suspend France 24 et RFI
La junte malienne a ordonné jeudi la suspension de la diffusion de RFI et France 24, après la diffusion par ces médias français d’informations selon lesquelles l’armée malienne est impliquée dans des exactions contre des civils.
Dans un communiqué publié jeudi matin, le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga « rejette catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes FAMa », les forces armées maliennes. Le gouvernement « engage une procédure (…) pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion de RFI (…) et France 24 », annonce le communiqué.
Les deux médias continuaient d’être reçus au Mali jeudi matin, a constaté l’AFP.
France Medias Monde, la maison mère de RFI et France 24, « prend acte et déplore cette annonce », a-t-elle réagi sur les antennes de ses médias.
Une telle suspension de deux grands médias d’information étrangers n’a pas de précédent depuis des années au Mali, plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire et politique. RFI et France 24, qui couvrent de près l’actualité africaine, sont très suivies au Mali et dans toute l’Afrique francophone.
Le gouvernement malien fait référence à un reportage diffusé les 14 et 15 mars par RFI et dans lequel la radio a donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe de sécurité privé russe Wagner.
Le communiqué cite également une déclaration de Michèle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme le 8 mars, dénonçant des « violations du droit international des droits de l’Homme et du droit humanitaire » au Mali.
Le Mali dénonce également un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) publié le 15 mars et qui dénonçait une « vague d’éxecutions de civils » et des pillages opérés par l’armée malienne et les jihadistes dans le centre et le sud-ouest du Mali. Ce rapport faisait état d' »au moins 107 morts civils » depuis le mois de décembre.